Page:Mercure de France tome 006 1892 page 135.jpg
(→Non corrigée) |
|||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
− | <noinclude><pagequality level="1" user=" | + | <noinclude><pagequality level="1" user="Admin" /><div class="pagetext"> |
− | </noinclude><center>''A PROPOS DE BOTTES'' | + | </noinclude><center>{{larger|''A PROPOS DE BOTTES''}}</center> |
<center> | <center> | ||
_____</center> | _____</center> | ||
<br />{{gap}}D'abord et brièvement : prétendre que telle ou telle épreuve s'impose comme an jugement divin, n'est-ce pas quelque présomptueux manquement au respect de Dieu? | <br />{{gap}}D'abord et brièvement : prétendre que telle ou telle épreuve s'impose comme an jugement divin, n'est-ce pas quelque présomptueux manquement au respect de Dieu? | ||
− | <br />{{gap}}Le croyant qui, premier, osa qualifier d'un titre aussi pompeux une des sanctions les plus féroces de notre courte vanité d'apparat s'érigea en hypocrite chrétien, et combien outrecuidant. Mais respectons Dieu; existant ou non, il est l'inoffensif refuge et l'illusionnante pacification de tant d'âmes qu'il | + | <br />{{gap}}Le croyant qui, premier, osa qualifier d'un titre aussi pompeux une des sanctions les plus féroces de notre courte vanité d'apparat s'érigea en hypocrite chrétien, et combien outrecuidant. Mais respectons Dieu; existant ou non, il est l'inoffensif refuge et l'illusionnante pacification de tant d'âmes qu'il ne faudrait combattre de lui que ses exploiteurs. Si Dieu nous accordait l'honorante importance de justicier, la piètre bestiole que nous sommes — dans l'infini — la traiterait-il d'égal à égal par l'entremise de nos mains si débiles? |
− | <br />{{gap}}D'ailleurs, sans discuter les ''impénétrables | + | <br />{{gap}}D'ailleurs, sans discuter les ''impénétrables desseins'' de cette entité ni prouvée ni improuvée, la Providence, il devient supposable qu'expiation pour expiation, Celui qui nous condamnerait à naître ne pourrait contre nous peine plus cruelle sinon nous condamner à ne pas mourir. |
<br />{{gap}}Ne pas mourir! | <br />{{gap}}Ne pas mourir! | ||
− | <br />{{gap}}Un tel état n'apparaît vraiment exister qu'en nos orgueilleux Rêves d'éternité, et s'il se réalisait | + | <br />{{gap}}Un tel état n'apparaît vraiment exister qu'en nos orgueilleux Rêves d'éternité, et s'il se réalisait qui ne le maudirait? |
− | <br />{{gap}}Hélas! la vie et la mort demeurent très manifestement de pérenelles contradictions de cet altier et révérable concept : l'au-delà, superbe | + | <br />{{gap}}Hélas! la vie et la mort demeurent très manifestement de pérenelles contradictions de cet altier et révérable concept : l'au-delà, superbe paradis clos de promesses, mais trop ubiquitairement insitué. |
Aussi laissons Dieu pour vénéré, pour salutaire,<noinclude> | Aussi laissons Dieu pour vénéré, pour salutaire,<noinclude> | ||
</div></noinclude> | </div></noinclude> |
Version actuelle en date du 9 décembre 2014 à 13:09
D'abord et brièvement : prétendre que telle ou telle épreuve s'impose comme an jugement divin, n'est-ce pas quelque présomptueux manquement au respect de Dieu?
Le croyant qui, premier, osa qualifier d'un titre aussi pompeux une des sanctions les plus féroces de notre courte vanité d'apparat s'érigea en hypocrite chrétien, et combien outrecuidant. Mais respectons Dieu; existant ou non, il est l'inoffensif refuge et l'illusionnante pacification de tant d'âmes qu'il ne faudrait combattre de lui que ses exploiteurs. Si Dieu nous accordait l'honorante importance de justicier, la piètre bestiole que nous sommes — dans l'infini — la traiterait-il d'égal à égal par l'entremise de nos mains si débiles?
D'ailleurs, sans discuter les impénétrables desseins de cette entité ni prouvée ni improuvée, la Providence, il devient supposable qu'expiation pour expiation, Celui qui nous condamnerait à naître ne pourrait contre nous peine plus cruelle sinon nous condamner à ne pas mourir.
Ne pas mourir!
Un tel état n'apparaît vraiment exister qu'en nos orgueilleux Rêves d'éternité, et s'il se réalisait qui ne le maudirait?
Hélas! la vie et la mort demeurent très manifestement de pérenelles contradictions de cet altier et révérable concept : l'au-delà, superbe paradis clos de promesses, mais trop ubiquitairement insitué.
Aussi laissons Dieu pour vénéré, pour salutaire,