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- Pour toi, petite sœur de Madame la Vierge,
- Des cierges, l'on voudrait brûler pour toi des cierges
- Et te faire un tapis des bleus pourpris du ciel
- Et que le croissant d'or te soit un tabouret!
- — Est-ce un geranium, les fleurons de tes lèvres?
- Ah ! tes cheveux, couleur de lune qui se lève,
- Couleur de poésie et couleur d'auréole !...
- — Ce grand vol triomphal, ce vol de cygnes roses
- S'effarouchant au froid de ces neiges d'automne
- Dont s'effarent les lys et les roses d'automne,
- Ce beau vol, n'est-ce pas le parfum de ton corps?
- — Qui donc ne te dirait : Tu seras le jardin,
- L'exquis jardin fleuri de lys et de jasmins,
- Où, sous le ciel rose et or d'éternels matins,
- Grisés d'effluves blonds et d'aurore et de thym,
- Bondiront des troupeaux de biches et de daims?
- — Il pleut, il pleut, dans les jardins, il pleut, il pleure...
- — Entends-tu le silence d'un astre qui meurt?...
- — Ah! tes mains!... Et tes doigts, qui finissent en fleurs!..
- Ah ! le puits bienveillant, parmi les blondes mousses,
- Blondes, tels les duvets des Blondes ! et si douces !...
- Le charitable puits où j'ai bu bien des coups!...
- Ah! tes gestes, pâlis comme un refrain d'antan!
- Et ta subtile robe, en effluves d'encens!
- Et ton rire de givre! ah ton rire d'enfant!