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Son règne est rude et doux, car c'est la Vierge amère
Dont la main de fer sait museler la Chimère
Et maîtriser les Hippogryphes hasardeux.
Mais les obscurs dévots que nul effroi n'arrête,
Sentent, lorsque son sceptre tombe sur leur tête,
Un peu d'éternité s'appesantir sur eux !
Des pans de ciel ruiné menacent la falaise
Où la mer démontée a jeté l'Armada.
O Soleil mutilé, quel bras te lapida,
Et quel glas pleure ainsi dans la bise mauvaise !
Mains jointes, étendus sur des gerbes de fer,
Les guerriers désarmés vont résigner leurs âmes.
Et, sur leur chair offerte aux baisers verts des lames,
Se lamente le chœur des Femmes de la Mer.
Mais, dominant le fracas sourd des flots livides
Et la clameur plaintive des Océanides
- Tandis que les mourants rêvent de Paradis -
Une sinistre Voix monte en le crépuscule
Qui, déniant l'espoir de leur cœur trop crédule,
Prophétise la nuit sans astres des maudits.