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Quum viliorum tempestas
Turbabat omnes semitas,
Apparuisti, Deitus,
Velut stella salutaris
In nanfragiis amaris...
Suspendam cor tuis aris !
Ch. Baudelaire.
Pour Toi, Port de Salut, qui durant la tourmente
As sauvé les débris de mon cœur naufragé;
Pour Toi qui fus la Mère et la Sœur et l'Amante,
J'ai récolté ces Fruits au merveilleux Verger.
Laissons la meute des vents geindre sur les routes
Comme des chiens hagards qui hurlent à la mort,
Notre Amour sait-il pas les divines Absoutes
Par quoi nous défierons les colères du sort ?
Va, narguons l'Heure et ses rigueurs inexorables !
Et tandis qu'au Beffroi d'effroi tinte le glas.
Tourne autour de mon col le collier de tes bras,
Et ferme le fermail de tes mains adorables !
Janua Coeli.
Par les lilas mourants d'un ciel crépusculaire
Mon cœur a rencontré ton Amour tutélaire
Qui l'a marqué de sa divine sigillaire.
Sur mon cœur où germait la male floraison
Ton Amour baptismal a chanté l'oraison
Pour en effacer les baisers de trahison.
Et la foi de jadis une fois revenue,
Mon cœur s'étant fait simple et mon âme ingénue,
En moi tu t'es dressée impérissable et nue.
Fœderis arca.
Que béni soit ce soir d'ineffables aveux
Où je t'ai consacré ma ferveur et mes vœux,
O ma charmante et douce Amie aux blonds cheveux.
Que béni soit ce soir de céleste vendange,
Où, palpitant d'espoir sous l'ail du même Ange,
Du nuptial baiser nous avons fait l'échange.