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Voici le Salut ! Heureux nos yeux éteints et qui peuvent désormais se clore ! Voici le Salut !
Voici le Salut ! Alleluiah !
(Les murs de la maison où agonise l'hiérophante se disjoignent, il voit l'apothéose et se dresse hagard.)
La Nuit, la Nuit souveraine a conquis leurs âmes !
Ils meurent à jamais et ils croient renaître ! les voiles autour d'eux s'épaississent et ils croient voir la lumière ! ils sombrent au néant et ils croient toucher au bonheur ! Ils abandonnent la voie royale, ils chassent loin d'eux les essences guérisseuses et douces, ils naissent pour la douleur et pour la peur farouche. Le geste tendu de nos mains se retire d'eux. Et vous, les bien-aimés ! venez vers les gloires infaillibles !
Viens, mon fils !
Vous renoncez les formes transitoires et basses, vous êtes affranchis de la terre abjecte. L'heure des délivrances a sonné. La vie bienheureuse est proche. Alleluiah ! l'Heure est venue ! Alleluiah !
(Le Poète-Roi descend, suivi des chœurs divins, précédé des rousses abeilles messagères ; l'hiérophante tend les mains vers la cohorte, et la Mort parait, virginale et belle, ceinte de myrtes.
Voici le Jour ! (Il meurt.)
(A ce moment, un héraut sur la place jette une torche sur la maison de l'hiérophante, et la flamme dévastatrice consume les œuvres préservées par la piété du dernier servant.)
Vers notre Père, nous remontons ; vers l'Absolu, vers la Lumière, vers l'Incréé, nous incréées. Captives aux maisons de détresse, nous échappons des mains ennemies.