Page:Mercure de France tome 004 1892 page 136.jpg
Sans doute, n'es-tu pas sans avoir fréquenté quelque peu chez les comédiens. Je ne t'apprendrai rien sur eux, si ce n'est qu'il faut les cerner d'un grand respect, car la bassesse, la bêtise et la vanité se jouent sur le masque qui est cette fois leur vraie face, à la clarté non trompeuse du jour, chez des vivants pourtant coutumiers de singeries et de dol.
Le dol est clair.
Ils interprètent. Traduttore traditore.
Tes stances, ô poète — vaniteux, toi, sans bassesse ni bêtise, vaniteux noblement — ils les travestissent inéluctablement. Ils découpent à jour leur opaque pensée sur ta lumière, et ne laissent passer à la foule noire que le transparent de ton âme. Ainsi se mue le soleil à la nuit tombante en rampe à gaz historiée du doigt indicateur vers des beuglants sous bizantins, parmi les bocks amers et les troubles absinthes.
Là, ou ailleurs, tu vas ouïr sur les scènes subventionnées, académie nationale ou premier théâtre français:
D'une part —
Hommes et femmes, solidaires de la pensée moderne efflorescente en les actuels Shakespeares — porte-voix de l'idéal — tuteurs de l'Art-grappe au suc décevant, ce qu'il y a de mieux comme article de Paris (S. G. D. G.) breveté sans garantie du Conservatoire.
D'autre part —
Les mêmes — misérables histrions bornés à des