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- Le bois en fleurs est plein de joyeuses querelles:
- La clarté du printemps y réveille les bruits.
- Les abeilles d'or roux passent, les sauterelles
- Frôlent de leur gaieté les myrtils et les buis.
- La pervenche bleuit près de la violette
- Dont les parfums montent vers le ciel éclatant;
- Le nénuphar d'ivoire s'ouvre et se reflète
- Dans le miroir limpide et moiré de l'étang.
- Les oiseaux, gazouilleurs de légères matines,
- Épandent par les airs des hymnes triomphants,
- Et, parmi les halliers étoiles d'églantines,
- Bondissent des troupeaux de biches et de faons.
- Des joyaux qui vivent embellissent les sentes,
- L'hiver ne blesse plus les arbres de chocs lourds,
- Et, dans la fraîcheur des clairières bruissantes,
- Vole et rayonne comme un jeune essaim d'amours.
- Des voix
- Lentement, des pas sonnent par les sentiers;
- Ils frôlent, sans les fouler, les fleurs frêles;
- Vague et douce, une chanson se mêle
- Aux chansons qui s'échappent des nids printaniers.
- C'est un prince qui approche par les sentiers.
- Son front rayonne de lumière;
- II sourit un sourire d'extase,
- Ses yeux que les larmes n'ont jamais ternis,
- Ses yeux que des feux divins embrasent,
- Ses yeux sereins et purs comme l'aurore première,
- Semblent suivre quelque songe dans l'infini.
- Le Prince
- J'écoute des voix de lutins
- Chanter dans les blondes haleines
- Qu'imprègnent la verveine et le thym.
- O voix, c'est votre chant qui mène
- Vers les parterres clairs du glorieux jardin.
- Dans la bonne forêt grandissent
- Les chansons mystérieuses et propices;
- Je vais comme emporté vers le ciel,
- J'ai quitté le mensonge: