Viens respirer l'odeur des vignes et des fruits.
Ce soir te sera doux comme tes longues nuits,
Hymnis, enfant qui dors depuis deux mille années,
Et par le souffle lent des sentes où je fuis
Les roses du tombeau ne seront point fanées.
Je te dédie, enfant, la mourante forêt.
Elle se pare encor malgré son mal secret :
Tu te reconnaîtras à sa noble agonie,
Vierge dont le front pâle et fiévreux se parait
Avec l'or éclatant et la blême ancolie.
L'automne funéraire embaume les halliers
Hymnis! Hymnis ! Hymnis! tes cheveux déliés,
Libres du bandeau frêle où tu les emprisonnes,
Ont frôlé des santals et des girofliers
Et se sont enivrés de cruelles automnes.
De plus calmes parfums, ce soir, te charmeront.
Pour que ton corps sacré retourne sans affront
De la forêt lointaine aux ténèbres divines,
J
e veux entrelacer à l'entour de ton front
Le thyrse en demi-deuil des suprêmes glycines.
Pierre Quillard