La Tartane. - Sur une diligence de Bretagne - Sous un Firmament d’angélus

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SAINT-POL-ROUX, « La Tartane. - Sur une diligence de Bretagne - Sous un Firmament d’angélus », Mercure de France, t. II, n° 18, juin 1891, p. 326-327.


LA TARTANE
Sur la berceuse et triste perle,
O Psyché lasse du poison,
Loin des étincelles du merle,
Appareille pour la Toison.

Du moins, si longue soit la route
Emmi les rubans du vitrail,
Que, Psyché, puisses mourir toute
Avant les parfums du bercail!

Chaque fortune est rosé brève,
Avec l'épine au souvenir;
Nulle ne vaut le lys du rêve,
En robe blanche d'avenir.

Le baiser greffe Souciance
Aux grappes noires désormais,
Dolence est la bru de Science,
O Psyché, n'aborde jamais !

Dévoile donc ton aile à l'heure
Inaccessible du plaisir.
Telle espérance point ne leurre :
Il n'est bijou que le désir.

Grève de Mousterlin, 8 octobre 1890.

SUR UNE DILIGENCE DE BRETAGNE

immense Guêpe aux ailes de cheval,
qui ruisselles parmi le joli val
flori par la brebis et le calvaire
où gazouille la coiffe héréditaire,
envieillis-moi vers le jeune autrefois
de bien avant les mains de la quenouille,

ô Guêpe, vers l'éteint matin de roche
inencore enguirlandé par la cloche
appendant à la ruche de la croix,
oh ! m'enjeunir vers le vieil autrefois
de bien avant les yeux de la quenouille,
afin que viergement je m'agenouille !

De Douarnenez à Audierne, 19 octobre 90.

SOUS UN FIRMAMENT D'ANGÉLUS

Sur les parfums bêlés par les saintes mamelles
Plane le lac où clignent les grenouilles d'or.
Maudissant les anneaux des chevilles jumelles,
Tel un ibis ouvert au succulent trésor,
J'adjure mes désirs d'apitoyer l'Orfèvre
Avec le mendiant tapi dans leurs roseaux.
Mais la brise est tarie en le puits de ma lèvre;
Aux calices des flûtes sont morts les oiseaux.
D'ailleurs les fleurs humaines, dites les oreilles,
N'éclosent pas sans doute sur les joues du ciel.
C'est en vain souhaiter que les dives abeilles
Descendent me répondre une pitié de miel.

Je vais donc me faner entre les draps de lune
Où splendit l'éventail des vides chasselas
Et mourir un peu, loin de la glèbe importune,
En attendant les coqs, fanfariers du lilas.

Audierne, 20 octobre 90.

Saint-Pol-Roux


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