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vrant les toits d'une neige imprévue, dressant en l'air des trombes croulantes d'ailes immaculées, des pigeons blancs : quelques têtes huppées animaient un instant les trous multiples des lourds colombaires.
 Au-delà des Portes du couchant, la nuit éploya ses noires tarlatanes étoilées d'argent pâle : Zaël marchait toujours. Il était bien réellement, à cette heure, le Pèlerin du Silence : aucun grelot ne sonnait dans son crâne, nul verbe ne luisait dans les limbes de sa pensée, et il allait, goûtant la fraîcheur du soir et la douceur des négations définitives.
 Zaël marchait toujours, et la nuit éployait ses noires tarlatanes lamées d'argent lunaire. D'un bois de saules, une chanson monta :

Celle qui tient mon cœur m'a dit languissamment :
« Pourquoi donc es-tu triste et pâle, ô mon charmant ? »
M'a dit languissamment celle qui tient mon cœur.


Celle qui tient mon cœur m'a dit moqueusement 
« Quel miel d'amour a donc englué mon Charmant ? »
M'a dit moqueusement celle qui tient mon cœur.

Moi, j'ai pris un miroir et j'ai dit à la Belle :
« Regarde en ce miroir, regarde ô ma Cruelle ! »
Et j'ai dit à la Belle, en brisant le miroir :

« Comme une perle d'ambre attire un brin de paille,
La langueur de son teint m'appelle, je défaille,
Je suis le brin de paille et toi la perle d'ambre. »

« — Apportez-moi des fleurs fleurantes et des cinnames
Pour ranimer le cœur de mon Roi qui se pâme,
Des cinnames pour son âme et des fleurs pour son cœur ! »


 Zaël entra dans le bois de saules. Penchée vers la fontaine, une jeune fille emplissait des outres et elle était charmante, bras nus, cheveux roulés et son voile envolé.
 Avec de grands yeux calmes, elle regarda l'inconnu : Zaël s'approcha, et, s'agenouillant, toujours muet, leva vers son menton un pli de sa robe.
 « Si tu es le roi, dit la jeune fille, retourne en ton palais, si tu es l'ange visiteur, remonte au ciel, mais si tu es un voyageur, ferme les yeux car je suis dévoilée. »
 L'outre qu'elle plongeait dans la fontaine lui glissa des mains, et ses naïves lèvres se laissèrent couvrir par les lèvres de Zaël. Elle ne parla plus, et, dans l'adorable silence des vallées endormies, Zaël, pour la première fois, buvait un peu d'âme.

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