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CIEL DE LIT

À Rachilde.

I


 L'épouse dort, le corps alourdi par les baisers que l'époux a laissé tomber, sans compter, un peu partout, et plus spécialement aux fossettes, aux petites cavités, aux rigoles, aux endroits où la chair se creuse, des baisers tantôt écrasés comme les larges gouttes d'une averse, tantôt petits, ronds, à peine sonores, ininterrompus, envolés des lèvres comme des bulles de savon d'un fétu de paille. Mais déjà la chère femme pèse bien lourdement sur le bras du cher mari. D'abord, par petites secousses prudentes et répétées, il tente vainement de le dégager. Le bras semble collé. Il dit avec douceur:
 — Aline, Aline, attends voir un peu !
 Et, comme elle ne fait aucun mouvement, il s'enhardit, se roidit, et d'un seul coup arrache son bras, qui lui semble une chose cotonneuse, inerte, morte, ou plutôt disparue. Un vague ronron s'échappe des lèvres d'Aline, comme un bourdon d'une fleur qu'on a remuée, et du fond de son sommeil elle murmure:
 — Oh que tu m'as fait mal, Albert !
 — Je ne pouvais pourtant pas, dit Albert, attendre ainsi l'aurore. C'est bon pour Milon de Crotone, des situations pareilles !
 Et il se retourne du côté du mur, car il a fait prendre à sa femme, dès le début de leur mariage, l'habitude de coucher « sur le devant ». Il prétend que de cette façon, à la naissance du premier enfant, elle n'aura pas à souffrir d'un changement de place, toujours pénible...

II


 À peine Albert a-t-il retrouvé son bras que le supplice commence. Depuis quelques instants, en un point du coude, une piqûre l'agace, un chatouillement léger : c'est une aiguille, une vingtaine d'aiguilles, une pelote d'aiguilles. Réflexion faite, c'est plutôt une légion de fourmis subitement écloses. Comme une armée, elles se sont mises en mouvement à la moindre alerte. Elles exécutent leur œuvre, forant toutes ensemble mille petits trous sous la peau. Elles courent sur les veines, tournent le coude, longent l'avant-bras, arrivent serrées au poignet, un passage difficile, et,

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