Page:Mercure de France tome 001 1890 page 187.jpg
O philistins de toute robe,
Économistes et cornards,
Dites ! quel océan dérobe
Le clair lingot, parmi les nards ?
Où se cachent les effigies
Qui, sur des écus variés,
Constatent les pathologies
Des potentats avariés ?
Où les Républiques augustes
Mais à poils, inscrivant des lois
Sur l'or des louis d'or, très justes
Quand arrivent les fins de mois ?
Dis, le sais-tu, Clémence Isaure
Dont les fleurs auraient eu le don
De réjouir l'ictyosaure,
D'estomaquer l'iguanaudon ?
Et toi, Sarcey, bedaine vaste,
Recteur de tous les odéons :
Sarcey, ton Apollo dévaste
L'âme des vieux accordéons.
Le savez-vous, Ohnet, Lemaître,
Toi, Jean Rameau, qui fais des vers
Hexamètres dont chaque mètre,
Comme toi, marche de travers.
J'irai, fût-ce en Patagonie,
Chercher ce « reingold », oui, j'irai
Sur la grande mer infinie :
Car mon crédit est délabré.
Et je préfère vos zagaies,
Anthropophages batailleurs,
Aux réclamations peu gaies
Des mastroquets et des tailleurs.
Laurent Tailhade.