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gnant : «  Ah ! Joudas ! Joudas ! » l'illusion naissait presque.
 Et l'impression religieuse aussi ! Par moments, un grand silence descendait sur cette foule mêlée, mi-partie indifférente et crédule : on entendait alors la voix presque haute, psalmodiante, du souffleur, à laquelle les répliques des acteurs faisaient écho, comme les répons d'une litanie.
 Jusqu'à cette langue espagnole qui exerçait une séduction: si douce pour les cantiques de l'Entrada triunfal en Jérusalem, si sonore pour le repentir et d'amour de Magdeleine, si gutturale pour la Desesperacion de Judas !
 Je ne sais si avec de vrais, de grands acteurs, les symboles de fraternité évangélique répandus dans la Passion, prendraient autant de vie et de relief qu'ils en ont eu, en s'incarnant dans les faits et gestes de ces artisans sans éducation : la Cène, le lavement des pieds, le pain partagé, le baiser d'adieu aux disciples, apparaissaient là comme des actes de la vie journalière, à la fois très familiers et très grands.
 Aujourd'hui le Christ, Judas et Pierre sont retournés à leur barque ou à leur échoppe, les Saintes Femmes et Magdeleine à leur atelier ; leur illusion d'un jour est finie ; sans doute, ils y repenseront souvent, avec regret peut-être.
 « Heureux les pauvres d'esprit ! » a dit le Christ. Cette maxime ne s'applique-t-elle pas à ces braves gens, qui ont eu la joie imaginaire et naïve de voir s'ouvrir pour eux le royaume du ciel, en cette heure où, à peu près de dix-neuf cents ans de distance, ils interprétaient, héritiers inconscients du moyen-âge, un drame unique, le plus beau, le plus pur, le plus émouvant qu'il y ait au monde ?

Paul Margueritte.

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