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Il a même tenté créer cette école en iste et en préciser l'esthétique dans des brochures. Ne retenons de tout cela que cette épithète de « caractériste », qui le définit assez exactement. Son esprit, en effet, très matérialiste, très réaliste et, en même temps, très analytique, est surtout attiré par l'extériorité des êtres et des choses, par le caractère de leurs surfaces, plus que par leur nature profonde, intime. Ce qui le préoccupe, ce sont les signes de la pensée plus que la pensée elle-même, et ces signes l'intéressent plutôt par le pittoresque de leur modalité propre que par leur sens représentatif.
 Et c'est ce qui explique pourquoi M. Raffaelli passe sa vie à observer, à noter, avec un zèle et une pertinacité stupéfiants, de minuscules détails extrinsèques qui nous semblent, à nous, bien vains et bien puérils, et qui, pour lui, sont de la plus haute valeur. On l'étonnerait certainement en lui disant qu'il peut y avoir de très grands artistes qui sacrifient d'un cœur léger cette étude de l'écorce des êtres à des recherches plus profondes, en lui affirmant qu'on peut être psychologue, en peinture, sans posséder une science si complète des déformations et des stigmates professionnels, et qu'il existe d'admirables maîtres (tous ceux qui revêtent les idées pures de la somptuosité des symboles) dont l'œuvre est justement le contraire de la sienne.
 Cette exclusive préoccupation du superficiel pas plus que cette manie de futile furetage n'impliquent d'ailleurs fatalement la froideur. M. Raffaelli observe et note des accidents épidermiques, mais il observe et note comme un artiste, non comme un savant, et il a le secret, vraiment, de vibrer devant ces accidents épidermiques, d'être égayé par une fossette, attristé par une ride, ému par une verrue ! Les phénomènes, pour insignifiants qu'ils soient, se colorent au prisme de sa sensibilité, de son âme d'artiste, et c'est ce qui nous permet de nous intéresser au minutieux en-dehors de l'œuvre, d'y lire cette gaité pessimiste, cette ironique pitié qui le singularise. Un pli d'étoffe, un crevassement de peau, c'en est assez pour nous faire deviner son moi de narquois observateur des extériorités, de sincère ennuyé des choses, qui s'amuse de son ennui et des choses !...
 Pourtant, il faut bien l'avouer, cette émotion que l'on constate dans les œuvres de M. Raffaelli ne semble jamais, elle non plus — et c'est la conséquence de son mode de superficielle perception —, bien profonde ni bien grave. C'est une gaité, une pitié, une ironie volages, à fleur de cœur, s'éparpillant sur les détails, glissant sur les dermes, pénétrant à peine, suivant exactement son intelligence qui se diffuse en analyses superflues... Et c'est pourquoi, devant les tableaux de M. Raffaelli, malgré cette prodigieuse dépense intellectuelle donnée à l'étude des hiéroglyphes de ces vivants sépulcres que nous sommes, malgré leur merveilleusement nette compréhension, on se prend parfois à regretter un quelque chose.... je ne sais quoi ?... Peut-être l'immense vision térébrante, l'impressionnabilité de tout l'être, d'un Rembrandt ou d'un Daumier !...

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