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 Daumier !... Ici, point de vaine analyse ! point de myopes microscopies de rides, de poils, de durillons ! point cet air mystérieux de vous dire : - « Hein ? l'ai-je assez exactement noté, ce calus spécial de tel spécial ouvrier, cette dépression crânienne, ce pantalon typiquement ridicule de tel bourgeois idiot ? » Rien qu'une large synthèse des formes générales, du geste, de la silhouette, rien qu'une indication de la ligne d'ensemble pour cette magistrale fixation du caractère, rien que le strictement indispensable ! C'est moins exact, peut-être, mais, indiscutablement, c'est plus vrai. Et aussi, comme cet art est plus profond, plus émouvant et plus ému ! Comme on sent que le prodigieux lithographe n'a pas seulement copié une face, un accoutrement de grotesque, mais bien une âme de grotesque, une âme sur laquelle il a craché son éclat de rire, sa douloureuse gouaillerie !... En regardant une œuvre de M. Raffaelli, n'a-t-on pas souvent l'impression contraire ? Ne l'imagine-t-on pas, malgré soi, peintre très consciencieux et très intelligent, copiant, quasiment ainsi qu'il ferait d'une nature-morte, avec une vétillarde fidélité, le derme, les oripeaux d'un type, et n'arrivant à vous un peu suggérer la psychologie de ce type qu'à force de minutieuse exactitude dans le rendu de ses attributs extérieurs?
 Il serait facile de multiplier d'autres analogues comparaisons, aussi concluantes. M. Degas, par exemple, pour nous traduire — combien intensément ! — la turpide bestialité de la femelle humaine, M. Forain pour nous montrer la cynique crapulerie, la rosserie cochonne de la fille, et pour nous imposer, celui-ci, son rire de cruel railleur, celui-là son morne dégoût, ont-ils besoin de tout ce mystérieux appareil de compliquée analyse, de ce formidable entassement de détails singularisateurs ? Ne nous disent-ils pas mieux ce qu'ils veulent nous dire avec infiniment moins de mots ? Ne sont-ils pas moins prolixes et, conséquemment, plus éloquents, plus clairs, plus pénétrants et, il faut bien le dire, plus artistes ?

***



 Néanmoins, je le répète, l'œuvre de M. Raffaelli demeure, malgré tout, très intéressante, très séduisante. Cette superficialité, cette manie de dermatographie à outrance, toutes ces tares intellectuelles jointes aux nombreuses qualités qu'il possède, à son acuité visuelle, à son esprit net, à sa haine du banal et du joli traditionnel, à sa passion du vrai et du pittoresque distinctif, ont eu pour singulier résultat de faire de lui le premier et peut-être l'unique peintre anecdotier de notre temps. Ses peintures, ses dessins, ses aquarelles, racontent les mœurs, la piètre vie d'aujourd'hui, mieux que toutes les potinières historiettes des petits journaux. Ce sont moins des tableaux que des illustrations, mais de miraculeuses, d'incomparables illustrations. M. Raffaelli est, il faut le crier, un illustrateur de génie. Cette appellation, j'imagine, ne le blessera pas. Il est trop conscient artiste, trop logique et trop docte théoricien pour avoir marché au hasard dans la voie d'art

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