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squelette encore agitant des lambeaux d'habits jadis fastueux. Le paysage serait agrémenté de spectres d'arbres d'automne, — et j'y mettrais de la lune. Le cri lointain d'un hibou rêvant donnerait le signal, et mes morts, invétérés poëtes, laisseraient, de leur bouche au grand rire, couler à flots que rien ne retiendrait plus les verbes miraculeux qu'ils étaient venus, vivants, pour dire aux vivants, et qu'ils n'auraient pu, spectres déchirés encore de regrets, dire qu'à l'avare écho du cri si lointain d'un hibou qui rêve. — Une horloge jetterait sur tout cela le silence fantastique de minuit.
 Si j'étais naturaliste, — avec un peu de phénol et des précautions je descendrais dans ces caves où pourrissent les défunts, et je calculerais selon les bonnes formules ce qu'il restait de phosphore à luire dans ce tas de crânes stérilisés. La féteur de l'endroit me chasserait, et je remonterais parmi les vivants avec une inglorieuse conception de l'humanité.
 Je ne suis romantique ni naturaliste, et je repense avec une tristesse qui ne veut plus tolérer de sourires cette pensée, cette douce, doucereuse et douceâtre pensée des morts, et je me débats entre de trop précis remords de temps envolé et d'incertaines espérances, et je doute, ô tant je doute ! et je suis tenté, — ma foi ! d'aller jeter des fleurs ironiques et sincères d'immortalité sur la fosse à peine comblée du compagnon naguère avec moi tardivement attablé sous le gaz fiévreux des maisons à boire ; ensuite je m'en irais, je rentrerais dans cette pourvoyeuse du cimetière, la Ville, j'y rentrerais tout possédé du souvenir impatient des projets qu'ensemble — lui qui dort déjà, moi qui veille encore — nous agitions, que sa mort a trahis, que je n'ai pas encore réalisés.


Charles Morice.

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