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tant qu'on prononce ailleurs qu'en Allemagne et qu'on a toujours prononcé des discours belliqueux en s'adressant à des soldats, que l'on arme partout en vertu du si vis pacem, et que l'on voit assez souvent pour que ce ne soit pas extraordinaire mettre à la porte des ministres qui ont cessé de plaire. Remémorez-vous, par contre, les principaux gages de paix offerts cette année au pauvre monde par les puissances, les deux grands congrès et les arrangements coloniaux entre autres : ils sont d'initiative allemande. À qui attribue-t-on ces intentions de propositions pour le désarmement ? À Guillaume II. Voilà des gages positifs qui valent, ce me semble, les gages négatifs fournis par l'immobilité de la Russie. Ce jeune souverain n'est pas bête ; il est encore moins fou, comme on le dit ici couramment : il n'engagera pas son pays dans une guerre, où il aurait tout à perdre et peu à gagner. Ce qu'on peut lui reprocher, jusqu'à présent, ce n'est guère que son adolescence, sa pétulance, sa faculté de se nourrir d'illusions, le bonheur insolent avec lequel il jouit des faveurs de sa naissance. Ce sont des qualités dans la vie : sur un trône... c'en sont aussi, pourquoi pas?
 En ce moment, il y eut un bruissement de roues, une vision de calèche rapide attelée de deux chevaux blancs. Les empereurs arrivaient.
 Leurs physiques n'ont rien d'impérial. Guillaume II, à ce point de vue, pêche à l'excès. Dans l'ample tunique de général russe, il semble un peu moins grelottant que la dernière fois que je le vis. Mais la figure, soutachée de sa laide moustache jaune sale, est toujours d'une banalité attristante. C'est ce front indécis, ces yeux fades à fleur de tête qui déplaisent tellement chez les princes anglais. L'expression demeure médiocre, malgré le mouvement à caractère de la ligne des lèvres, le moins mauvais morceau de cette physionomie peu attrayante. Le buste entier manque de coup de pouce. C'est par les gestes que se manifeste l'agitation de l'intérieur : ils sont pressés, nombreux, raides et violents ; tout le corps y prend part. La démarche est celle qui est à la mode chez bon nombre d'officiers allemands et russes, surtout chez ceux qui montent beaucoup : la démarche d'un canard qui ferait de grands pas.
 Si Guillaume II est un spécimen de banalité, Alexandre III en est un de grossièreté. Voulez-vous voir un moujik de la plus belle eau, aux traits frustes, taillés à la hache, au nez charnu, à la bouche lippue, aux tempes rudes, an menton submergé dans le flux d'une barbe drue, à l'ossature énorme, au torse lourd, aux remuements lents et ennuyés, à la parole rare, grave, un peu brutale, aux manières sans éducation et à l'absence complète d'une finesse quelconque dans toute la personne, regardez sur le trône de Russie : le premier des moujicks s'y carre. Il faut pourtant noter l'extrême franchise, l'honnêteté du regard ; sans que l'œil soit beau, il a une profondeur qui semble reposer sur un fond de bonté mystique. C'est le point attractif du visage ; et sous le gros front escarpé

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