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livre, une feuille écrite, bonne ou mauvaise (est-ce que cela te regarde ?), comme un objet de commerce tarifé, nous casserons nos plumes (tu ris, mauvaise bête; ah ! la file d'oies de tes sourires ! dirait le poète Raynaud) et nous avalerons, pour nous nourrir, nos œuvres complètes mises en boulettes de papier mâché.
 Serait-ce donc si étonnant ? Tu n'as jamais demandé, que je sache, à ton boucher, une côtelette de faveur, et un service amical de pain riche à ton boulanger ; pourquoi t'imagines-tu que la littérature est une chose qu'on fait pour rien ?
 Il reste bien entendu que ton opinion n'importe point. L'art ne doit avoir pour toi qu'une valeur marchande. Ton unique droit imprescriptible est d'en acheter par ballots, ou en cornets, comme tu voudras. Le meilleur est le plus cher. Toutefois, si tu paies bien, on te permettra, par-dessus le marché, quelques appréciations exactes, des gloussements, des bêlements de ce genre :« Chouette ! Bigre ! Ah diable ! » Seulement, sois bref. Surtout pas d'impertinence ! pas d'outrance dans l'éloge ! Souviens-toi : en affaires, dès que l'émotion gagne, on perd.
 Mais enfin, à cette race moutonnière, englobante, à ces hommes de loi, de bourse, d'industrie, de gouvernement, etc., etc. (il faudrait ici un dévidoir) ; à cette dame au doux coeur de lice qui dort, à ce monsieur, délicat comme un taureau foulant des herbes, plus immobile, dans son mépris des lettres, plus engourdi qu'un pied d'armoire de province, quel nom donner, désormais, qui les outrage et nous enchante ?

Jules Renard

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