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- « Comme sous un souffle de flamme
- S'exaltent mes désirs virils;
- Qu'importé les futurs périls :
- Une fleur a fleuri mon âme!...
- Des Messagers clairs sont venus
- Qui m'ont dit : « Tu ceindras le glaive,
- « Et tu chevaucheras sans trêve,
- « A travers les vaux inconnus,
- « Jusqu'à la Citadelle haute
- « Dont les créneaux crèvent les cieux.
- « O Roi va donc, insoucieux,
- « Le Palais vide attend son hôte!»
- Et j'irai, le premier de tous,
- Opérer l'épique escalade.
- Méprisant la vaine peuplade
- Des tristes railleurs et des fous.
- Je serai le prêtre des prêtres
- De l'unique Divinité,
- Vers qui de toute Eternité
- Monte la prière des Êtres.
- Spoliateur essentiel
- Mon règne n'aura point d'automne,
- Car je tresserai ma couronne
- De fleurons dérobés au Ciel! »
Ayant chanté cela très gravement, le Roi
- Caresse la crinière de son palefroi,
- Puis abaissant, d'un geste qui salue,
Son épée à la gloire a jamais dévolue,
- Tandis que douze héros d'or
- Sonnent du cor,
- Sonnent du cor,
- Et que clame la populace,
- Il part au galop, l'Elu du Destin,
- Et l'éclair bleu de sa cuirasse
- Brille longtemps par le chemin.
- Sur la plus haute des tourelles,
La Princesse enfantine qui l'aima d'amour,
Regarda l'occident jusqu'à la fin du jour
Et puis mourut parmi l'essor des tourterelles!...