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est là près du feu — celui de mon cœur ou du foyer? — et paraît se chauffer, trahissant ainsi que froide est l'Eternité.
 Enfin l'alerte page aux pieds à rebours me ramène aux heures antérieures et peu à peu, par une insensible magie, il habille du Corps remémoré l'Aigle Blanc qui s'y dérobe graduellement Ainsi que dans un sépulcre d'humaine vie : au front du Corps sont des feuilles d'automne.
 Et c'est l'Ami vivant !
 Alors, sous la treille d'illusion, nous recausons les paroles causées qui partirent en preuses vers l'avenir.
 Soudain les voix de la rue, poignardant le charme, en un clin me vieillissent et me rejettent sur le temps de l'Ami mort, au présent, aux choses.
 Et le Corps s'efface graduellement, neige moribondant au fer rouge de la réalité.
 Déjà ne vacille plus que l'idée substantielle. Avant qu'elle ne s'évanouisse aussi, je veux oh! caresser un peu de ce qui n'est plus, ne serait-ce qu'une place occupée dans le salon de mon imagination. Et je lance mes mains, mais l'Aigle a disparu.
 D'un geste prompt, j'ouvre la fenêtre pour le voir s'envoler peut-être par les yeux charitables de la foi... Rien!... sinon que j'entends la Harpe d'un pifferaro gueusant des sous en bas.
 Alors, accoudé, je songe : l'espace est sans doute fait d'âmes, et la musique des Harpes pourrait bien se produire par le nostalgique cri qu'ensemble jetterait un million d'âmes pincées à la fois par le doigt du musicien innocemment barbare.
 S'il en était ainsi, cette mélodie qui nous parfume serait construite de leurs plaintes!...
 Jamais plus, non jamais plus ne joueront les Harpes sans que je prie pour ces Orphelines de la mort, Errantes douleur de l'absence éternelle, Errantes si maigres qu'elles en sont imperceptibles, Errantes qui ne revivront plus la vie chantée par le coq, vivant petit clocher de plumes !...

 5 et 6 décembre 1890.

Saint-Pol Roux.

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