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AU BAL


 Les salons devaient, en ce moment, produire leur effet aux yeux des snobs. Peu de maisons eussent pu leur offrir un ragoût si attrayant de gens à blason, de financiers cotés et d'artistes célèbres : l'aristocratie du sang, celle de l'argent et celle du talent se rendant hommage, avaient-ils coutume de dire dans une phrase stéréotypée. S***, dès l'entrée, sentit gonfler en lui son ferment d'indignation. C'était bien là cette société « brillante », ce faux chatoiement de vanités, ces hypocrisies se coudoyant, ces décolletés fielleux, ces sourires niais. Sur ces deux ou trois cents figures les mêmes petitesses luisaient, diverses seulement par leur catégorie. Le premier, ce gringalet vantard et astiqué, dont les yeux vitreux, presque dépourvus de cils, engendraient des regards de satisfaction non déguisée, réalisait, exact jusqu'à la caricature, le type du fin-de-siècle contemporain, l'être abject et grotesque, qui, dans sa minuscule ambition, ne pouvant se distinguer par son intelligence, tient à se faire remarquer par son absurdité. De nombreux exemplaires de cette espèce humaine circulaient sur les parquets, jetant sur eux de complaisants coups d'œil en passant devant les glaces, tapotant de leurs doigts chargés de bagues un pantalon sans plis, ajustant avec infatuation leur monocle, causant et riant très fort avec des exagérations de voix et des nasillements de timbre. Les ventres tenaient aussi un plantureux étalage. Ils appartenaient — on le voyait tout de suite, sans même remonter jusqu'à la tête — aux grands égoïstes de Paris, aux accapareurs du métal or. Des gloutonnements insatiables se devinaient dans ces ventres tendus comme des poches ; on y sentait de gros gargouillements de matière. Quels appétits féroces animaient ces pauses-là !
 Pouvait-on prendre son parti de pareils instincts, supporter ces hommes grossiers, frayer avec eux ? Cependant, à juger à la manière dont ils étaient entourés, on flairait en eux des espèces de rois. Oui vraiment, des dominateurs : car cette passion basse, dont ils étaient les fortunés, tourmentait les trois quarts des individus du siècle. Vautré dans une causeuse, de pair avec une vieille aux prétentions fanées, ce sieur pincé, dont les favoris trop soignés témoignaient d'une constante étude à plaire à des autorités femelles, ne pouvait être qu'un quémandeur d'influences occultes, un député en brigue d'un portefeuille ou un auteur de cent lignes sur la monarchie

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