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Par ainsi, la société se trouve liée au théâtre d'art; le théâtre d'art la reflète, se développe de son développement, s'étiole et meurt de sa mort.
 Toute puissance de la vision rétrospective ! La comédie d'Aristophane, la plus vivante reproduction du théâtre grec, est théâtre d'art — au sens indiqué — pour nous qui le voyons à distance. Mais en composant Les Chevaliers, les Acharniens, Les Grenouilles, Les Nuées, Aristophane épanchait sa bile et probablement ne cherchait point au delà. Pierre Corneille en rimant le Cid subissait et traduisait le goût espagnol du temps. Facilement on fournirait d'autres exemples, prouvant une fois de plus que les théories se font après les œuvres et non les œuvres d'après les théories. L'argument ne donne rien de mieux, ensuite; car nous aussi nous avons une société; elle est diverse et banale et peu décorative, c'est flagrant; elle a quand même une vie publique et théâtrale. Or, celui-là qui la porterait à la rampe, au besoin dans la farce boulangiste, le tragique de récentes guerres, dans les revendications amèrement burlesques des sociales, ferait-il du théâtre d'art?
 Restons dans l'intimité, dans l'ironie et la tristesse du tous les jours, profèrent les réalistes! Dépeignons des caractères, des sentiments humains, clame-t-on de leur bord! D'autres veulent plus spécialement des pièces à thèse, des états d'âme, de la psychologie; sans compter les naturalistes, attelés à leur tombereau d'immondices et qui voudraient nous faire goûter encore à la marchandise que l'on sait.
 Ici, le Théâtre Libre triomphe, et M. de Goncourt, qui est son grand prêtre; et M. Bauer, qui est son prophète; et M. Céard, et M. Ancey, et M. Jean Jullien, et quelques sincères de leur cortège, galopant à la file sur de pareils chevaux de bois.
 Pour tout concilier, ils ont raison à leur point de vue. On peut faire le théâtre qui sera le reflet ironique de l'époque. On nous découpera de la vie en tranches et nous aurons l'illusion de la réalité. Mais c'est le petit idéal, la mesquinerie de l'art. Flaubert est autrement magnifique dans la Tentation et Salommbô que dans le terre à terre de Madame Bovary, de Bouvard et Pecuchet, voire de la prodigieuse Éducation sentimentale. Comparativement, Les Résignés, Les Inséparables, Le Maître, sont de très honorable facture; La Parisienne est œuvre supérieure: mais qui ne donnent pas et ne peuvent pas donner le même « frisson d'art » et cette joie presque mystique, cette sensation d'une grandeur qu'on éprouve à Lohengrin. — Pour dire d'un mot, il y manque la beauté, la beauté théâtrale : le théâtre doit être la suprême manifestation de l'art, son triomphe et sa mise en lumière, son aspect victorieux et décoratif.


IV

 Le drame de Wagner, bien qu'il satisfasse aux conditions de
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