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éviter le sentier noirci par le troupeau des pas: Gam- barda ou Colonnis ? Eh ! Colonnis comme Gambarda finit par sacrifier à la féroce passion de ne relever que de soi son amour et son bonheur.
 Mais s'agit-il, ici, de bonheur, du moins au sens normal ! Il s'agit plutôt de parvenir, par la satisfaction d'une passion maîtresse, à cette intensité de vie à tout prix, qui est l'idéal — inconscient ou conscient — fatal, de l'homme moderne. Quand la maîtresse de Colonnis le quitte, il souffre, certes, et, au-delà de l'adieu qu'il pourrait effacer d'un baiser, il voit au présent le morne avenir de la définitive solitude. La douleur est si vive qu'il ne s'y peut résigner, il poursuit la bien-aimée, — qui s'en va, lente, espérant qu'on la rappellera, — il la dépasse, l'attend sur le chemin qu'elle doit prendre, la laisse venir jusqu'à lui : et la laisse passer. — En réalité, et quoi qu'il en pensât lui-même, ce n'était pas pour rejoindre sa maîtresse qu'il courait si vite : c'était après sa douleur ! Jamais il n'avait autant souffert — qu'en voyant sa maîtresse franchir ce seuil : jamais il n'avait autant vécu, — et il venait savourer une seconde fois ce sentiment de déchirement intime.
 De telles crises d'ailleurs Colonnis est assez friand. Il a le goût de l'adieu. Il commence pour finir. Cette Mlle Tonyne, le second important personnage féminin, étudie ses poses « en femme qui sait n'avoir qu'une vertu, la grâce » ; elle a refusé — encore à sauver, c'est-à-dire naguère — de se laisser aimer par le plus sincère des amants, et c'est maintenant une âme libre, elle aussi, mais désœuvrée, et qui butine des madrigaux en attendant, en espérant la catastrophe de sa propre et monotone tragédie, et qui se joue à des feux allumés à demi, et qui donne à des Tontonne, pour passer le temps, des velléités de belles actions dont elle serait le prix : la catastrophe qu'elle désire portera le nom de Colonnis. Le mot Amour entre eux n'est pas prononcé, il sonne dans toutes les syllabes qu'ils échangent. Mais au moment d'une séparation qui pourrait être courte et qui va décider de tout leur avenir :

 « — Au revoir, Colonnis, dit-elle.
— Non, adieu, Tonyne.
— Ah ! »

 Ainsi cet artiste, Colonnis, autour de qui les gens perdent leurs proportions naturelles, grandissent ou diminuent hors de toutes mesures, ce fiévreux, impitoyable

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