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Gerbe une, nue, en prisme ardant,
Fière étincelle de substance,
Nuances en préexistence
Latentes, l'éther confident,
J'ondoyais, j'ondulais, caresse
D'une main faite d'un reflet
Sur un sein dont l'Esprit soufflait
La forme au gré de sa Paresse.....
Or, le pollen vivant venu,
Je tressaillis, née. Et la Science
S'évanouit de ma conscience,
Qu'avait avant mon esprit nu.
Je fus un immonde, un vain être,
Je dus tâter l'aveugle aller,
Ramper pour rapprendre, exhaler
Un souffle impur, vagir, renaître.
Puis se moule en les moelleux lins
Ma chair, cythare des pensées ;
Elles s'éveillent, balancées
Entre les instincts des matins.
J'atteins le temps des blanches cires,
L'enfance aux doigts mélodieux,
Et bientôt s'éclairent mes yeux
Des lueurs de savants sourires.
Adrien Remacle.
(1) Extrait de « Chants d'une Passante », plaquette à paraître.