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- Et tes yeux, qu'il faudrait pour le bandeau du roi,
- Opales qu'on voudrait pour le bandeau du roi,
- Tes yeux, ah ! tes grands yeux, bénévoles étoiles
- Vers qui vole, en la nuit, la prière des voiles !
- Et tes seins! Et ton front! Et ta mignarde oreille
- Faite d'un peu de nacre et de beaucoup de rêve!...
- Et tes pieds longs et fins, tels ceux de Ganymède!...
- Tes cuisses ! N'est-ce pas celles d'un jeune archange
- Qu'emporte dans l'azur un beau vol d'ailes blanches?
- Et ta voix, paradis immarcessible où chantent
- Les Séraphins ailés et les mystiques Harpes!...
- Et tes sourcils, tes purs sourcils, d'un blond trop pâle !
- Et les serpents très caressants que sont tes bras !
- Et tes ongles aigus qui semblent des pétales !
- Et ton corps ! Tout ton corps ! Et ta tête, si chaste !...
- — Mais ton ventre, on dirait un rêve de vieillard !
20 novembre 1890
A Charles Wiest
- Les Doigts ont dit à la Cervelle : Non!
- Et, fors les yeux maléfiques du Rat,
- Nul doux espoir d'étoile n'éclaira
- Le ciel moisi du sanglant cabanon!
- La Tarentule immonde, en faction,
- Raille mes cris d'un fou rire moqueur!...
- J'ai dans le corps, à la place du Cœur,
- Un vieux cadavre en putréfaction...