Warning: Parameter 3 to pr_pageQuality() expected to be a reference, value given in /home/formationn/www/mercurewiki/includes/parser/Parser.php on line 3470

Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 002 1891 page 295.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 002 1891 page 295.jpg

De MercureWiki.


qu'il s'était alors éveillé, ahuri encore de ces catastrophes récentes et terribles.
 Avant cette effroyable maladie, d'autres événements s'étaient succédés : et il se les remémorait, remontant de l'un à l'autre, jusqu'aux confins extrêmes du souvenir, au-delà desquels il ne percevait plus rien que d'obscur.
 Il devait avoir vécu cinquante ans : c'est, du moins, l'âge que lui laissait dans l'esprit la dernière notion lucide qu'il avait des choses. Sa face de vieillard précoce portait une barbe déjà toute blanche, tandis que sa moustache restait à peu près brune. Cette barbe en avance du coté de la tombe l'avait toujours beaucoup troublé. Il ne possédait plus de cheveux que deux bandes floconneuses autour des oreilles. Ses yeux avaient jadis été beaux, et il en avait conçu quelque vanité ; mais, avec le temps, ils étaient devenus chassieux, et l'un même, fermé à demi par une blépharite, n'était plus utile à la vue. Divers malaises tourmentaient fréquemment son corps ; diverses incapacités paralysaient ses désirs. Il souffrait chaque fois qu'il se départait d'une hygiène rigoureuse ; il n'osait manger au-delà d'une limite fort exacte ; la boisson le mettait à bas ; s'il s'occupait d'un travail intellectuel plus d'un nombre restreint d'heures, un flot de sang affluait à ses tempes et les battait précipitamment.
 Ces misères physiques se compliquaient d'infortunes morales. Des embarras d'argent empoisonnaient son existence. Etait-ce assez navrant d'avoir, tant d'années, travaillé pour aboutir à une si pitoyable décadence ! De mauvaises affaires l'avaient à peu près ruiné ; et son courage défaillant ne lui laissait pas l'énergie de reprendre position dans l'implacable bataille des intérêts. Sa sensibilité exacerbée ne supportait ce malheur qu'avec plus de honte et de poignante humiliation. L'idée fixe de sa ruine labourait son cerveau et y semait la folie.
 Ce Barnabé n'avait-il point une fille ? Eh oui ! Une fille dont le mariage avait été irrémédiablement compromis par ces pertes d'argent. La pauvre enfant ! Quels consistants remords l'étreignaient, lui, son père, à la pensée toujours rongeante qu'il était la cause de sa lamentable destinée. Il traînait après lui la vision de ces deux grands yeux voilés qui lui reprochaient muettement son peu de soin du bonheur de sa famille. Que de larmes versées ! que de soucis désespérants !
 Sa femme encore : cette femme qu'il avait tant fait souffrir,

Outils personnels