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le passage suivant, relatif à notre collaborateur Ernest Raynaud :
 « M. Ernest Raynaud, l’auteur des Cornes du Faune, n’est pas précisément un symboliste de la suite de M. Jean Moréas. Il serait plutôt le disciple du grand poète de Crimen Amoris, et cela paraît clair dès le premier sonnet, où brille ce distique :
 Puis, un beau jour, devers la ville, on crut entendre
 Un fracas épouvantable d’orage en l’air.
 « Voilà des mesures que nous reconnaissons et un emploi du vers trimètre avec lequel Jadis et Naguère, les Romances sans paroles, Sagesse nous ont rendus familiers. Cette influence se fait sentir dans tout le recueil. Et j’ajoute que M. Ernest Raynaud l’a subie avec beaucoup de science, de discernement et de goût. Il est le seul des élèves de Paul Verlaine qui ait su garder sa langue pure et soutenir ses rythmes au-delà des strophes à effet. Il est le seul qui ai su composer et distribuer les parties d’un poème. Il est le seul qui ne croie point que la poésie soit un simple frisson nerveux, une transcription hurlante et toujours agitée de passions suraiguës. M. Ernest Raynaud ne chasse point la pensée de son rêve ; c’est même à elle qu’il confie le soin d’y régner.
 « Et ce petit livre est délicieux à lire et à relire. Il a la douceur rosée et la tendresse d’un crépuscule d’automne, dont les vapeurs légères obnubileraient à demi des rangées de marbres apportés d’Italie. Devenus inquiétants par l’incertitude de l’heure, ces Antinoüs et ces Faunes se rapprochent de nous et flottent sur nous comme si l’air du Nord avait changé en fées, en ondins et en sylphes ces parfaites idoles que taillèrent des ciseaux nets, aux flancs de la pure Beauté. Mais M. Ernest Raynaud n’est pas si barbare que d’oublier l’origine de ses visions, et je lui sais gré d’avoir clos dans le cadre exact du quatorzain les symboles qui lui sont venus d’elles. Et la forme est exquise. Plus l’un de ces petits poèmes figurerait dignement auprès des plus parfaits sonnets de l’histoire littéraire. Des jeunes gens se récitent déjà tel Paysage, — comme leurs aînés, il y a quinze ans, récitaient les Danaïdes de Sully ou Vénérable berceau de Leconte de Lisle, — ce paysage occidental, dans un vieux parc, à l’adieu du soir sur un lac, embelli des ruines d’un temple ionien :

Tout près, sous un massif bas qui se décolore,
Un faune enfant tout délabré s’accoude encore
Baissant sa lèvre où fut sa flûte de roseaux.
Et voyant que le jour tout à fait le délaisse,
Le Temple, avec sa froide image dans les eaux,
S’enfonce plus profondément dans la tristesse.

 « Et je retrouve aussi chez M. Raynaud le dix-huitième siècle des Goncourt, de Watteau, de Boucher, de Fragonard et des Fêtes galantes, la tristesse des faunes emprisonnés dans les Musées, les fêtes irréelles parmi les îles et les canaux d’une Venisette fantasque. Encore qu’il montre çà et là de savoureux

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