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De MercureWiki.



 Voix qui revenez, bercez nous, berceuses voix :
 Refrains exténués de choses en allées....
 Flacons, et vous, grisez-nous, flacons d'autrefois,
 Senteurs en des moissons de toisons recélées.



 Il sait évoquer l'indécis troubleur des choses évanouies, fixer les mélancoliques visions entrevues dans les brouillards d'une mémoire incertaine, redire les sensations vagues d'un autrefois quasi-oublié et pourtant fertile en attendrissements exquisément douloureux... Et tout cela, aussi bien, tout cela, le souvenir, n'est-ce point la vie, toute la vie? La sensation présente vaut-elle donc d'être comptée, puisqu'à peine a-t-elle le temps d'être que, déjà, elle roule dans le gouffre du souvenir? Carrière a compris cette loi de l'existence. Il a voulu être le poète des choses ressouvenues, c'est-à-dire de ce qui, seul, est immuable et réel dans la vie.... L'avenir, le présent, il les hait et il en a peur, parce qu'ils sont laids, brutaux, banaux, parce qu'ils sont les dures épreuves initiatrices du paradis de l'accompli, et cette haine et cette peur on les retrouve constamment dans son œuvre. Qu'on regarde, par exemple, au hasard, une de ces nombreuses « maternités » qu'il répète avec prédilection, et l'on devinera dans l'expression de tendresse un peu farouche de la mère, dans le geste défenseur et jaloux dont elle étreint son entant, la terreur de cette terrible Vie, douloureuse, et stupide, qui veut lui voler le pauvre petit, qui déjà le lui dispute, qui déjà le lui arrache. Et le bambin lui-même a, dans son sourire, la mélancolie résignée d'une victime ingénue et pourtant consciente.... Oh ! le terrible et grand symbole, et qui n'est point nouveau dans l'art ! Rappelez-vous, en effet, ce merveilleux bas-relief en terre-cuite polychromée de l'école italienne du XVe siècle, qui se trouve au Louvre, dans la salle Michel Ange.(1) La Vierge tient sur ses genoux l'enfant Jésus. Ah ! que leurs divines têtes sont loin de l'épanouissement béat des madones à poupon rose et rigoleur des imageries de St-Sulpice. Marie, une Marie émaciée, douloureuse, un peu blême, un peu maigre, les yeux dilatés, les traits bouleversés par une angoisse indicible, la bouche béant de terreur, fixe, de ses prunelles égarées, un point lointain où, sans doute, pour elle, vient de surgir la vision sinistre d'un corps très cher, pantelant aux clous d'un gibet... et ses mains se crispent, plus nerveuses,

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