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de plus à lui demander. Enseigner ou conseiller n'est pas son fait. Il n'est pas tenu de jouer au philosophe, de crier la sagesse dès le seuil de la vie. Et nous subissons assez de moralistes, de normaliens, de pédagogues, pour qu'il nous soit permis de répéter quelques beaux vers dans l'oubli des pédants. Ils souffrirent, ces sensitifs, et le disent. C'est tout leur génie. Peut-être même ne recherchèrent-ils de précieuses aventures que pour rendre plus cher l'alanguissement de leurs couplets. Et nous savons qu'ils n'y trouvèrent pas le bonheur. Pour avoir, lui aussi, poursuivi la Béatrice, pour s'être enfiévré de fugitives et merveilleuses visions, Rodenbach coule a d'inguérissables mélancolies. Il tenta bien d'échapper ; il proclama ses voix trompeuses ; malgré cette conversion, de tardifs repentirs, je le crois impénitent : il se souvient trop. L'art qui lui parut un inviolable asile ne peut lui donner qu'une partie de son rêve. Dans le refuge de repos et de silence il reste désolé : Ma vie n'est qu'un grand canal mort :

O ville, toi ma sœur, à qui je suis pareil.
Ville déchue, en proie aux cloches tous les deux,
Nous ne connaissons plus les vaisseaux hasardeux
Tendant comme des seins leurs voiles au soleil,
Comme des seins gonflés par l'amour de la mer !
Nous sommes tous les deux la ville en deuil qui dort...

 Il n'a pas besoin de nous dire : regardez, ceci est mon cœur! Voyez, ceci est mon âme ; nous le savons déjà. Il a vécu aux frontières de l'immatériel et pleure encore des songes avortés ; cette vie et ces songes seront ses poèmes. On ne saurait prétendre, certes, qu'il souhaitait naguère d'épouser la Vierge et la Madone, d'enlacer ces royales phtisiques dont il racontait la chambre d'agonie, ou quelque sainte descendue d'un vitrail, — car ses femmes ne pouvaient prendre corps. Elles étaient loin des plus désirables amantes, loin même de celles qui furent la possession miraculeuse dont le caprice nous hantait aux heures de fortune favorable. Charnelle, leur apparition survenue les ravalait à la misère du possible ; il s'en détournait comme des maîtresses qu'il leur opposa si en vain. Le mieux est de dire qu'il aimait vraiment l'irréalisable. Et nous le comprenons ainsi, ce doux rêveur, et nous mettons notre main dans sa main crispée. Ses incertitudes, ses inassouvissements ne sont-ils pas un commun héritage ? Son sentimentalisme subtil et la vague illusion de l'Idole, quels sont ceux qui n'en furent pas éprouvés ? Toute la littérature du siècle

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