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l'onction du geste sacerdotal; il a le sens des choses sacrées et des cérémonies religieuses, et il est peut-être l'unique poète vraiment latin de notre époque si généralement embrumée de métaphysique allemande. Mais, comme il est d'un âge impie et que lui non plus n'a la foi, comme il serait incapable de cette œuvre inférieure qu'est une poésie seulement plastique, l'âme qui vivifiera son livre n'est pas — oh! pas du tout! — celle qu'insufflaient à leurs créations les candides artistes du moyen-âge, et il n'est point téméraire de supposer que cette glorification de l'Église par un prestigieux mais incroyant poète moderne n'aurait pas l'approbation papale...
 Tel est le livre que vraisemblablement, à en juger par certaines poésies du Jardin des Rêves et d'autres subséquentes, nous lirions aujourd'hui, s'il n'était arrivé à M. Laurent Tailhade la commune mésaventure de rencontrer le Mufle — ou plutôt, car, hélas, il le connaissait, la malchance de ne le plus supporter à peu près silencieusement. Mais, aussi, le monstre, depuis quelques lustres, a tant grandi, grossi, que sa formidable hure intercepte la lumière du ciel : son ombre dense noie les parvis, ensevelit les portails où le poète contemplait l'extase des saints de pierre, efface l'histoire éternelle inscrite sur les vitraux, éteint les ors de l'autel et des chasubles, immerge les foules du temple, qui, angoissées, ont tu leurs chants et laissé mourir les cierges. Or, devant le panmuflisme d'une société tellement goujate qu'elle a perdu jusqu'aux primes notions de la politesse, M. Laurent Tailhade a succombé aux assauts furieux de ce que j'appellerai son second moi de poète — le moi aux épigrammes jusqu'alors platoniques, puisque non publiées, — tout à fait différent de l'autre, moins noble aussi, et momentanément la meilleure partie de lui-même fut absorbée par la pire. Au reste, la sanglante satire de Au Pays du Mufle était actuellement fatale de la part d'au moins un de ceux qui, d'humeur peu bénigne, ont très aigu le sentiment du pignouffisme: une telle voix, providentielle, était nécessaire à l'immanente et supérieure justice qui régit le monde. Ne fût-ce que peu de minutes durant, il est consolant de croire à cette justice-là, et j'en verrais volontiers une preuve ici même, en ce que, au lieu du piètre versificateur qui eût pu assumer le rôle de stigmatiser son temps — œuvre informe et partant éphémère, tout au plus bonne à fustiger une époque d'ignominie accidentelle et partielle —, c'est un ouvrier sans égal qui en eut la pensée, de telle sorte que l'universelle et incommensurable

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