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R. G.
Cher Monsieur, j'ai bien du regret de n'avoir été rentré assez à temps pour vous voir. J'accepte avec beaucoup de plaisir l'aimable partie que vous m'offrez avec vous et les convives dont vous me parlez. Je me presse de vous répondre pour vous demander de faire en sorte, si vous le pouvez, que M. Houssaye ne parle pas du tout dans l'Artiste de l'élection de l'Institut, ou que ce ne soit que de manière à ne point blesser les gens auxquels je vais demander leurs suffrages. Il est arrivé presque toujours, malheureusement, qu'à mon occasion on les a fort maltraités. Vous concevez comment dans cette occasion il est important pour moi que rien de semblable n'ait lieu. Au reste, je crois déjà m'apercevoir que beaucoup de mésintelligences dans ce genre-là commencent à s'aplanir. Soyez donc assez bon pour écrire un mot dans ce sens à M. Houssaye, je tâcherai de mon côté de le voir. Le numéro prochain doit paraître après-demain ; vous voyez qu'il n'y a pas de temps à perdre, s'il y a quelque chose à changer.
A mardi donc, mon cher ami, et mille amitiés et admirations,
Eugène Delacroix. »