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n'importe lesquels, sans style. S'ils en ont un c'est par hasard, à l'insu de leur propriétaire, qui les a achetés sans considération autre que celle de leur utilité : et alors, par la disparate et le désassortiment où ils se voient soumis, ils sont d'un effet plus lamentable que l'absence même de recherche dans l'ameublement. Les pièces d'ailleurs sont fort nues. On y a mis l'indispensable : et dans cet indispensable ne sont compris ni ce qui flatte l'oeil, ni ce que comportent l'affinement des moeurs et les récentes exigences du confort moderne. Si le désordre règne en souverain dans la maison, et c'est l'habitude, l'aspect de la salle à manger encombrée de vaisselles malpropres et de linges graisseux, des salons râpés, aux soies effilochées, aux rideaux poudreux, aux tables de guingois où s'éparpillent des quotidiens éployés et des numéros avariés de revues, aux tapis jonchés de crachats et de bouts de cigarettes, des chambres à coucher où l'on dort tout botté sur des divans défoncés, cet aspect honteux d'intérieur russe provoque à de spéciales méditations sur la culture des êtres qui s'y complaisent. Quand l'appartement est en ordre, oh ! l'atrocité des rangs de chaises alignés le long des parois ! Si parfois – pas en Russie – un beau désordre est un effet de l'art, en Russie, par contre, l'ordre ne peut être autre chose que la méthode de l'affreux.
 A moins de l'avoir contemplée, on ne peut se faire une idée de l'horreur sépulcrale de la maison russe. Quelques casernes, les plus innomables, de faubourgs européens sauraient seules en offrir un aperçu. De grands murs ocre, troués de rectangles implacables où ne frissonne jamais un vantail de fenêtre qui s'ouvre ou se referme, sans un relief, sans un balcon, sans une terrasse, sans une ligne harmonieuse, sans une variation plaisante dans la mortelle rectitude des formes, c'est la nudité, le vide, le morne, l'incommensurablement laid. N'y eût-il que la façade, c'était déjà suffisant. Mais la façade est la moindre partie de ces immeubles repoussants. De la rue, par l'énorme porte cochère, primitive et informe comme une entrée de grange, il faut accéder dans les cours intérieures et jeter un coup d'œil d'épouvantement sur les corps de logis hideux qui s'y succèdent. Des centaines de petits appartements nauséabonds n'ont d'autre horizon que le badigeon infernalement jaune de la muraille qui fait face. Ce n'est pas la pierre, c'est la brique plâtrée dans son ignominie. Aussi, ne voit-on pas de figures aux fenêtres, qui d'ailleurs sont encastrées et immobiles : de simples trous pour laisser descendre d'un coin de ciel terne une lumière grise. Du dehors, ces caravansérails grouillants ont l'air déserts. Quel œil songerait – le pût-il – à percer l'opacité des doubles vitres crasseuses et à laisser trainer des regards mélancoliques sur l'infortune de la cour russe?
 Ce n'est guère que le long de deux ou trois voies élégantes de Pétersbourg que l'on rencontre des maisons ayant un aspect. Mais quel aspect ! D'horribles moulures singeant des motifs architecturaux archi-connus, des frontons mal équilibrés, des corniches banales, des colonnes d'une niaiserie de

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