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conception à faire grincer des dents, tout un méli-mélo burlesque d'ornements de hasard, employés n'importe comment, sans pensée et sans discernement, jetés là par de maladroites mains avec le seul but de manifester par une surcharge quelconque l'habitation riche.
 Les édifices publics, palais, églises, théâtres, écoles, hôpitaux, sont encore plus tristes à contempler. On a l'habitude de voir se manifester une parcelle au moins de l'âme d'un peuple dans ses grands monuments nationaux. L'Italie, l'Espagne, la France, l'Allemagne, l'Angleterre et jusqu'aux moindres pays ont une œuvre de pierre dont ils sont fiers et où revit leur histoire en signes originaux et incontestables. En Russie, rien de pareil : les édifices ne remémorent rien, d'abord parce qu'ils sont laids, ensuite parce qu'ils ne sont pas russes. Au nom du ciel, qu'est-ce que vous voulez que j'éprouve, quand on me conduit devant une immense bâtisse, vulgaire, informe, monstrueuse, n'ayant de remarquable que l'espace qu'elle couvre et qu'on me dit : Ça, c'est le Palais-d'Hiver, ou : Ça, c'est la résidence de l'Empereur, ou : Ça, c'est le Grand-Théâtre, ou : Ça, c'est l'Académie des Sciences ? Que dois-je ressentir, en vérité, lorsque, sous prétexte de grand art, on me montre un pastiche de palais florentin ou une médiocre réduction de Saint-Pierre de Rome? Je regarde, je reste rêveuse de ces entassements inutiles ou de ces formes galvaudées, cela ne me dit rien, cela m'écœure.
 N'est-il pas incroyable, me dis-je, qu'un grand pays, un pays qui aspire à tout, un pays qui a des ambitions démesurées, n'ait pas d'architecture ! L'architecture a toujours été l'un des signes évidents de la prééminence d'un peuple. L'histoire est là pour montrer qu'aucune nation n'a exercé d'empire qui n'ait apporté sa formule architecturale. La Russie serait le premier exemple du contraire : il est vrai qu'elle n'exerce pas encore d'empire. Je vois les Egyptiens, les Assyriens, les Grecs, les Romains, les Byzantins, les Arabes, les Persans, les Turcs, les Incas du Pérou et les Aztèques du Mexique ; je vois tous les peuples de l'Europe occidentale, depuis leurs pieux balbutiements de l'An mil, jusqu'à leurs ingénieurs actuels qui construisent avec le fer pour matière et l'équation pour principe d'art. Tous ont laissé ou laisseront quelque chose d'eux, quelque trace originale sur le sol qu'ils ont foulé ou foulent encore. De l'âme russe, au contraire, il n'a pas jailli la plus petite pensée ; l'âme russe est restée muette. Et les Russes, qui pourtant, fût-ce avec les plumes de paon, veulent être parés comme une nation qui compte, en sont piteusement réduits à copier ou à démarquer en Vandales les modèles étrangers. Ils ont successivement pillé Byzance, la France et l'Italie. C'est Byzance qui a le plus fourni. Presque toute l'architecture religieuse est byzantine : et rien n'est cocasse, ridicule, affligeant comme ce monstrueux à peu près des merveilles néo-grecques, au milieu de ces steppes neigeuses qui étaient faites pour tout autre chose. On peut même prétendre qu'à l'exception de l'architecture grecque, qui fait encore plus mal, c'était la dernière architecture

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