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 Je ne dissimulerai donc point, après ce satisfecit non marchandé, l'ennui profond et accablant qui s'exhale en épais brouillard de ce marécage d'harmonie. Les mélopées crées sur l'immense et uniforme terroir russe se ressemblent toutes tellement, que, si l'on n'est pas né moujik, on a bien de la peine à les distinguer. Est-il seulement certain que les moujik ne s'y perdent pas? C'est, là-dedans, leur âme bornée qui vagit toujours de la même façon. Il n'y a guère de sensible que la différence entre la languissante et torpide tristesse et les éclats de gaieté rurale, où le rythme s'accentue, se précipite, se dialogue et se transforme enfin en une sauvage galopade à grands coups de talons de bottes. Du reste, presque tous ces chœurs observent la même gradation; cela commence en plainte lamentable, et cela se termine par une danse de forcenés. Il ne faut pas y chercher de belles choses : c'est déjà beaucoup que l'on y trouve du caractères ! On risquerait de fouiller longtemps avant de rencontrer une phrase présentant un intérêt artistique. Des inspiration de la valeur de l'air. « En descendant le Volga » sont plus que rares. Le manque de souffle de cette nation pauvre de génie est curieux à constater là justement où elle fait preuve de quelque faculté.
 Toujours préoccupés de faire valoir leur pays et de gonfler ses mérites, à l'adresse des Occidentaux qu'il s'agit d'éblouir, les Russes ne craignent pas de mettre leurs chants populaires en parallèle avec les lieder allemands. C'est vraiment bouffon ! Si l'on me demandait mon avis, j'affirmerais hardiment - en auditrice très désintéressée, je le jure - que dans deux douzaines de lieder il y a plus de génie que dans toutes les piesni de la Russie accumulées - et Dieu sait s'il y en a ! Et si l'on m'y poussait, j'irais jusqu'à leur préférer les flores musicales de petites provinces comme la Bretagne ou la Sicile, qui n'ont pas moins de caractère et beaucoup plus d'idées.
 L'art qui s'est greffé sur ce répertoire pour accordéon, balalaïka et chœur rustique, demeure irrémédiablement hybride. Les compositeurs n'ont pu être suffisamment inspirés et portés par le souffle de leur patrie pour accoucher d'un art authentiquement national. Il s'agit donc bien là d'une véritable greffe. Car que sont-ils, au fond, et que font-ils, les compositeurs russes ? Ce sont de simples élèves des Allemands, et qui s'imaginent peut-être faire original et créer une musique russe parce qu'ils prennent parfois pour thèmes des motifs populaires et les développent suivant les procédés et dans l'esprit germanique - avec moins de souplesse souvent, moins de profondeur ordinairement et moins de talent toujours. Je ne nie pas qu'il ne leur soit arrivé de temps en temps de nous donner de jolies choses : c'est d'habitude lorsqu'ils ne sont pas hantés de l'ambition de faire russe et qu'ils se laissent tout simplement aller à leur inspiration d'honnêtes disciples. Mais, les brigands ! quand ils se lancent dans leurs élucubrations touffues, leurs symphonies légendaires, leurs tableaux descriptifs, leurs scènes pittoresques de la Russie-Blanche, de la Transcaucusie ou du Baïkal, leurs entrées

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