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une vipère n'avaient point mille fois plus d'âme qu'une femme ! Soyez donc, ainsi que moi, raisonnables et ne prenez point au tragique, la pseudo-vitalité de ce merveilleux petit automate si adorablement joli que le bon Dieu vous donna pour vous amuser. Jouez avec votre poupée, complaisez-vous à lui attribuer des sentiments qu'elle ne saurait avoir, à la vivifier par vos imaginations, mais prenez garde de prendre tout cela trop au sérieux, car vous seriez ridicules comme des enfants qui, les larmes aux yeux et les poings tendus, invectivent un irresponsable Joujou !...
 Quoiqu'il en soit, Renoir a su tirer de cette philosophie, probablement inconsciente et instinctive, une œuvre curieuse et charmeuse. Qui n'aimerait y fréquenter dans ce mignard monde de joliettes figurines qui sourient éternellement, mi-femmes et mi-fillettes, roses, blanches, bleues et blondes, avec juste ce qu'il faut de vie pour faire croire qu'elles ont un vrai corps, qu'elles ont une âme, qu'elles peuvent nous comprendre, nous aimer ? Et qui, en leur amusante compagnie, ne se rappellerait aussi les adorables marionnettes du XVIIIe siècle, peintes, elle aussi, dans toute leur superficielle joliesse par Boucher, mais avec combien plus de mauvaise sensualité et combien moins de philosophie ingénue ! ...

...


 Et c'est d'ailleurs encore, et c'est partout, que se retrouve en l'œuvre de Renoir cet involontaire parti-pris d'ainsi voir, d'ainsi comprendre, d'ainsi peindre le monde, comme un délicieux capharnaüm de gentilles choses dont l'unique but est de servir de jouets à l'homme-enfant...
 Dans ses fleurs, dans ses natures-mortes, tout autant que dans ses figures féminines, on le retrouve, cet involontaire parti-pris, et l'on sent bien que tous ces objets qu'on nous montreront perdu tout caractère pratiquement utilitaire, qu'ils ne sont presque plus des fruits, des fleurs, ayant des fonctions et des fins dans l'économie physique, mais qu'ils sont devenus, simplement, de jolis objets d'agrément où se sont exagérés les caractères de formes et de couleurs propres à égayer, à amuser la prunelle et l'âme du peintre. Ils ne sont plus, eux aussi, que de jolis jouets.
 Et c'est la même singulière déformation dans ses paysages, où l'on constate, et sans regret, que n'existent plus d'arbres, de ciels, de gazons, de mers, de montagnes, mais uniquement de vagues et réjouissantes formes de tout cela, exquisément teintées de bleu, de rose, de vert, douces à l'œil comme des ouates multicolores, des satins effrangés, des peluches et des velours de nuances tendres et dont le seul but est encore sans conteste, de constituer un agréable décor de bazar à joujoux où puissent s'ébattre, dans de doux émerveillements, nos rêves enfantins...
 Maintenant dans ce creuset où bouillonnent pour les féeriques cristallisations que nous savons cette enfantine gaité, ce goût si naïf, si spontané de l'artificiel, cet indulgent optimisme,

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