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quotidien, du pain de ménage si c'était possible, jusqu'au jour de ma mort où tu ferais la grande collecte définitive.
Tu m'honorais. Mais si cette bonne opinion de moi t'encourage à la paresse, je préfère tout de même que tu arrives.
Quand tu es là, devant ton bureau, et que tu n'écris pas, qu'est-ce que tu fais? Assurément, penser, c'est travailler. Il est des paresses fécondes. Remarque comme je retiens aisément tes phrases. Mais (suis-je sotte?) j'aime mieux te voir, dans ton intérêt, un porte-plume à la main.
Il fallait le dire! tranquillise-toi. Désormais j'aurai un manche de pioche.
Tu seras célèbre.
Diable ! y tiens-tu? je ne te le garantis pas.
Tu seras célèbre, j'en suis sûr, quand tu seras vieux, ou ce que disent les journaux ne signifierait rien.
En ce temps-là, je n'écrirai plus que des préfaces pour les jeunes. Il faudra être bon pour eux, les recevoir tous.
Par fournées.
J'y veillerai. Protectrice accueillante et constamment en train de sourire, sur le seuil de ta porte, c'est moi qui leur dirai, les poussant d'une tape amicale : « Entrez, le maître est là! »