Warning: Parameter 3 to pr_pageQuality() expected to be a reference, value given in /home/formationn/www/mercurewiki/includes/parser/Parser.php on line 3470

Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 003 1891 page 153.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 003 1891 page 153.jpg

De MercureWiki.


royales et le brancher sur l'heure. L'amateur a envahi les officines d'édition et donné de l'argent pour faire porter ses petites infamies au catalogue. Lui seul est cause qu'on a baissé les prix, qu'on ne vend plus, qu'on exporte plus. Il a trompé sur la valeur de la marchandise. — Comme s'il y avait une telle différence entre le bouquin de M. Tartempion et celui de M. Jean Rameau! — Et voyez comme le malheur rend injuste. Sans ce pauvre M. Ceinturon — argot professionnel — les officines auraient mis leurs volets depuis belles lurette. C'est parce que M. Ceinturon verse dix-huit cents francs a l'éditeur pour son mauvais livre que l'éditeur peut en verser deux ou trois cents à l'homme de lettre, — dont le livre ne vaut peut être pas mieux, mais qui a un nom et fait bien dans la vitrine. M. Ceinturon a été la poutre de soutènement. L'édifice lézardé ne tient que par un miracle d'équilibre, et de continuelles réparations réglées avec son numéraire. Il a été le sauveur en sa naïveté. Et vous lui ouvrez les yeux maintenant! Vous lui hurlez qu'il est un idiot et un misérable. Imaginez-vous qu'il apportait son argent pour le plaisir? Il se croyait appelé, lui aussi! Il sacrifiait une somme ronde pour s'ouvrir la route ; il fallait protéger ses illusions, flatter sa marotte et, en politiciens habiles, les féliciter de son dévouement à la cause. La situation se serait prolongée un an, deux ans peut-être, et c'était autant de gagné.

 Parbleu, la débâcle devait venir. L'homme de lettres – au vieux sens du mot – n'a plus guère sa raison d'être ; tout le monde lit, disiez-vous ; tout le monde écrit, ce qui est pire. Le mal n'est pas que de jeunes hommes payent leurs éditeurs, mais qu'on produise trop. Faire du roman n'est plus le privilège d'une caste ; c'est une industrie nationale. Sur les trente-huit millions de Français indiqués par le dernier recensement, les noms de ceux que la Société des Gens de Lettres pourrait accueillir empliraient le Bottin. De par le gouvernement et les principes d'égalité – inscrits sur tous les frontons – chacun a été à l'école, a passé son bachot ; nous avons l'Instruction obligatoire, et le roman obligatoire qui en découle ; nous recueillons à présent le fruit des semailles universitaires ; on est arrivé à ne plus lire que ses livres, se disant qu'on n'a pas besoin d'aller prendre chez le voisin ce qu'on peut fabriquer soi-même.

Outils personnels