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De MercureWiki.



 L'autre jour, ouvrant un journal, je tombai sur l'information suivante :
 « Académie Française. — L'Académie a choisi hier le sujet de son prix de poésie pour le concours de 1893. C'est l'Afrique ouverte. »
 J'avoue qu'à cette nouvelle mont Pégase en eut les jambes coupées.
 Ah ! messieurs. j'étais prêt à tout. Plein d'une noble émulation, j'aurais traité avec un égal courage une Patrie en danger, un Gloria victis, une Fête de la Fédération, une Union des Arts et des Sciences sous la bannière du Bien ou une Apothéose de Victor Hugo: mais une Afrique ouverte?, cela me dépasse, ma poésie n'atteint pas à ces hauteurs vertigineuses, j'en reste démesurément baba.
 Que diable aussi peut-on dire sur l'Afrique ouverte? quels alexandrins aligner ? de quel enthousiasme orphique être saisi ? Je vois bien ce titre sur une composition d'économie politique, sur une dissertation historique, sur un mémoire diplomatique, mais en tête d'un poème il me fait l'effet d'une citrouille que tiendrait Apollon au lieu de lyre.
 Décidément, l'Académie va trop loin. Ce n'est pas parce qu'elle se dispose à recevoir M. Zola qu'il faut qu'elle se croie tenue à jouer de pareils tours aux poètes. En l'honneur de celui qu'elle attend, elle pourra, si elle le désir, fonder un prix de prose intensive: mais, pour l'heure, elle doit en rester aux termes des statuts qui l'obligent à fournir périodiquement aux nourrissons des muses des sujets qui soient dans les cordes de leurs luths.
 Les oreilles des poètes académiciens ne se sont-elles pas dressées d'horreur à l’ouïe d'un pareil thème proposé aux méditations de la partie éthérée du peuple français? Il faut croire qu'ils n'y ont pas autrement réfléchi : ils eussent été impardonnables d'avoir laissé passer cette énormité. Chez M. Leconte de l'Isle, ces deux mots auront vaguement évoqué un troupeau d’éléphants batifolant au milieu des palmiers. M. Coppée aura vu bimbeloter devant ses yeux l'étalage de quelque bazar marocain ou frétiller l'intérieur de quelque café maure. Quant à M. Sully-Prudhomme, il est d'habitude trop loin de l'Afrique,,ouverte ou fermée, pour que ces syllabes étranges aient rien pu lui suggérer. Je n'accuserai donc aucun de ces trois messieurs, sinon d'une indifférence pas trop olympienne à l'endroit de leurs jeunes et infortunés confrères.
 Mais il y a évidemment parmi les Quarante un épouvantable farceur.
 Qui est-ce?
 Il ne faut pas chercher dans le parti des ducs. Les ducs s'occupent fort peu de poésie, et ils professent vraisemblablement pour l'Afrique un mépris frisant l'impertinente. Les auteurs dramatiques me semblent également devoir être éloignés de tout soupçon. J'en dirai autant des romanciers. Le seul Loti aurait été capable... Mais, élu d'hier, il n'a guère pu collaborer à cette trouvaille abracadabrante. Les normaliens

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