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en cascades bruyantes de mes lèvres serrées, malgré tous mes efforts et ma réelle douleur. Oui, je l'entends encore résonner dans la sanglante agonie crépusculaire, tandis que le vent hurlait aux branches, et que les mornes feuillages claquaient, claquaient comme des ossements qui s'entrechoquent.
 Je frissonne à me rappeler ces moments d'angoisse, et le sentiment de mon impuissance ajoute encore à ma tristesse. C'est que, sur moi, retombent les fautes d'une vicieuse ascendance : corrompu par elle, ce sang qui me martèle les tempes, se traîne dans mes artères, trop lent ou fièvreusement rapide... et je me heurte là, désarmé, au mur noir des fatalités qui ne se laissent pas attendrir ou prier, des hérédités implacables, dont je ne puis rejeter les apports mauvais. Ah, ceux qui dorment maintenant sous les cyprès — et je les envie —, ceux qui m'ont fait le don funeste de la vie, comme je voudrais les maudire ! Car est-il supplice plus cruel que le mien... avoir à se défendre de l'obsession constante qui vous hante, vous harcèle, allant presque jusqu'à l'impulsion. L'idée du suicide s'impose à moi avec une persistance telle, que ce sera une délivrance lorsque j'y satisferai. Mais, jusqu'à présent, mon cœur de lâche s'est dérobé devant l'accomplissement de l'acte, librement consenti, voulu, appelé à certaines heures de toutes les forces de mon être qui souffre. Et, plus malheureux que les damnés du Dante, je me débats, plein horreur, dans ce cercle impossible à rompre; la mort m'apparaît tantôt douce libératrice, tantôt cruelle ennemie, cependant que toujours présente à mon esprit, y veillant implacable; et ma volonté affaiblie ne peut plus reconquérir une suffisante énergie pour me soustraire à ces affres et me procurer le repos bienfaisant du Léthé auquel on ne boit pas deux fois ! Chancelant et faible sous le contradictoire de cette effrayante situation, je conserve juste assez de raison pour en prendre une amère conscience, sans qu'elle me permette d'agir plus... Je ne peux pas. Ma volonté est à la fois désarmée contre cette pensée qui m'assiège, cette affreuse pensée de suicide, et inapte à l'accomplir.
 Parfois, il me semble que je suis suspendu au-dessus d'un gouffre profond. Un frêle lien, si frêle qu'à tout moment je crois qu'il va se rompre, me laisse balancer par les bises froides, et qui m'apportent les fines gouttelettes d'écume rejaillissant de je ne sais quel torrent proche. Et j'entends bruire, très loin dans l'ombre, l'onde noire qui refermera sur moi les plis de son linceul

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