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suintements de pus extravasés, semblable au ventre crevé de plaies et d'abcès d'un hideux reptile en décomposition.
 Et cela, c'est l'Envers de la Gloire.
 Quel empereur cuirassé d'or, quel empereur triomphant, avec son armée immense et brave, a passé par-là, caracolant sur son fougueux cheval caparaçonné de pourpre ? Quels étendards enthousiastes ont frissonné sous ce ciel? Quelles décharges de mousquets y ont retenti? Quels glorieux coups de lances et de sabres s'y sont échangés? Quels gais tympanons, quelles sonores trompettes ont chanté la victoire, ont chanté la bravoure des soldats et le triomphe du beau conquérant? Quelle immortelle et bonne besogne s'est accomplie dans cette plaine dont parleront désormais avec orgueil les chevaliers et les belles dames, que célébreront désormais, en de joyeux enthousiasmés, les peuples et les poètes?
 Maintenant un silence de sépulcre plane parmi des odeurs de pourriture. Le ciel est sinistre et sillonné par des vols tourbillonnants de corbeaux innombrables. Là-bas, dans le lointain, c'est la ville et ses remparts démolis, un lugubre moulin à vent, éventré par les boulets, ses ailes fracassées, laissant pendre ses planchers comme des entrailles. A perte de vue, les corps des soldats, des braves soldats massacrés, gisent, pêle-mêle, entassés, en un grouillement hideux, inextricable, infini. La terre a bu le sang et cette plaine en putréfaction n'est même plus tachée de rouge. Ils pourrissent lamentablement, les valeureux d'hier, parmi les armes perdues, les tambours crevés, les affûts démolis, les chevaux au ventre béant, les caissons renversés..... Leurs membres, hachés par la mitraille, leurs membres en loques, sont roides maintenant, les convulsions de leurs gestes d'agonie sont figées, effroyablement. Innombrables, jusqu'à l'horizon, leurs cadavres fermentent, troués de sombres blessures qui suintent de verdâtres sanies, la plaine entière est de chair qui fermente, de chair humaine qui se liquéfie, qui coule, gluante, purulente, ulcéreuse. Et voilà qu'arrivent en bandes, nombreux comme les corbeaux qui tourbillonnent dans le ciel empesté, ces autres corbeaux de la terre, les Traînards, les détrousseurs de morts, poussant leurs voitures à chiens, se jetant sur cette pourriture avec des gestes voraces, volant avidement sabres, mousquets, tambours, pourpoints, braies, chemises, bottes, éperons, déshabillant ces corps putréfiés, fouillant, avidement, joyeusement, de leurs mains crochues, dans cette pestilente mer de chair humaine en liquéfaction.

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