Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 003 1891 page 232.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 003 1891 page 232.jpg

De MercureWiki.


drames : à savoir doivent-ils, eux, prendre vie sur les planches et au lustre et se communiquer par la scène, immédiatement, à un auditoire ? Question qui s'impose à l'esprit d'un Français, tout d'abord : car , chez nous, la grande lutte a été livrée et la victoire gagnée par le Poète de ce temps ; elle l'est encore un peu chaque jour depuis Victor Hugo et le sera demain. Les maîtres en Angleterre, pudiques ou hautains quoi ? mais réservés, ont, à côté du tréteau triste qu'absout presque seule la longévité glorieuse de Shakespeare et de son groupe, créé tout un autre théâtre, extraordinaire aussi, fait des majestueux fantômes qui hantent l'esprit du siècle ; mais dont on n'est le spectateur que chez soi, un tome ouvert où les yeux fermés. Shelley, Byron souvent et avec eux Beddoes d'autres (je ne nomme pas) ainsi que notre ami Horne, ont inauguré et entretenu cette idéale fête, à quoi parut d'abord voué l’œuvre dramatique de Swinburne : et si ce n'est pas douteux que plusieurs des vastes compositions dues à ces génies ou à leurs successeurs soient en état d'affronter le décor et l'acteur, il est certain que la plus récente, Erechtheus, saurait, dans une solennité exceptionnelle, y prétendre. « Nous voulons un théâtre quotidien et national (diront les bien intentionnés), et non une résurrection, même égale à la vie, de l'art grec »; soit : mais, tant que ce théâtre ne se produit pas chez vous à l'heure qu'il est, jubilez aux reprises du XVIme siècle ; ou de ce qu'il y a eu de notoire auparavant, c'est l'antiquité (évoquée surtout par l'heure actuelle). Tracée avec d'impeccables lignes sur le modèle ancien, mais s'inspirant d'un souffle de maintenant, la pièce de Swinburne, hors quelques longueurs délicieuses, peut devant tous ceux-là qui la lisent se jouer et les ravir (même dans leur sens critique intime), ne fût-ce qu'un soir, ce qui est l'éternité. Ce peu de vers à omettre, seuls, que ne m'est-il loisible de les réciter, enchantement véritable. Rien, de par l'espoir qu'une fois ici apparaîtra quelque étude totale de la poésie de là-bas, n'a été présentement fait, que procurer une notion générale jusqu'au vague, de l'importance triple d’Erechtheus, en soi, parmi l’œuvre de Swinburne et quant à l'art anglais contemporain : trois mots dans l'espace d'une carte de visite répondant à l'envoi que de son livre daigna faire le Maître voisin ; à moi, non pas, mais à la Rédaction tout entière et tant soit peu maintenant aux lecteurs de la Revue.

Stéphane Mallarmé.


 (1) Comme appendice ou note à celles « crayonnées au théâtre », cette page qui a l'intérêt de l'opinion d'un poète, sur un poète, tous deux en leurs royaumes despotes; M. Stéphane Mallarmé nous permet de la réimprimer. Elle ne le fut jamais depuis (il y a quinze ans) la troisième livraison de la République des Lettres, et aujourd'hui comme lors c'est d'un Swinburne encore non francisé qu'il s'agit, le tragique. — Et puis, le prétexte ? La signature suffit.

R. G.

Outils personnels