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vouloir finir. Une autre fois, j'entrepris de verser un narcotique en son verre : le poison me répugnait. Elle leva la coupe, me souriant sataniquement, puis si brusquement la reposa sur la table que le cristal s'en éparpilla, brisé. De même d'autres tentatives échouèrent.
 Cependant, cette ignoble compromission de tous les instants et ma faiblesse indigne me faisaient honte. Mais en sa présence toute résolution disparaissait en moi, ainsi qu'un vol de nuées vite dispersées par la brise. Chaque jour, je me promettais de rompre ce lien infâme : chaque nuit me voyait prodiguer mes caresses à la terrible fascinatrice. Non, non, les tortures que l'éprouvai alors ne sont pas de celles qui se peuvent concevoir; et c'est encore pour moi un sujet d'étonnement que de me rappeler ce temps d'inouïes souffrances et de voir que j'y ai survécu!
 Or, voici : je l'attendais tous les soirs, à la sortie du lieu public où elle chantait. Cette fois, bien décidé à accomplir l'acte — à tout prix — je m'étais muni d'un couteau de chasse; il était ouvert dans ma poche, et chemin faisant j'en caressais la froide lame. Je fus très spirituel, fort gai. Elle ne s'aperçut de rien : j'évitais, du reste, de me trouver sous son regard, car certainement, cette nuit, comme les autres, elle eût tout deviné encore.
 Je me rappelle très bien toute la scène: je la laissai passer la première, dans le corridor, qui à cette heure n'était pas éclairé. Puis, sifflotant un hallali, avec une débordante allégresse, je servis la bête, d'une main ferme, lui tranchant la gorge. Elle oscilla sans un cri, la tête presque séparée du tronc, puis s'abattit en avant, avec un bruit mat. J'entendis le sang gicler des artères contre le mur, et aussi le son rauque de l'air, vainement aspiré par les poumons haletants, en un suprême effort. Soigneusement j'essuyai l'arme, et le lendemain, fort calme, je partais pour l'Amérique.

 Et maintenant, mon père, que je vous ai tout dit, voyez si vous pouvez m'absoudre....

Gaston Danville.

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