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d'entre eux et put, avec une égale maitrîse, fouallier le Mufle et louer les gemmes et les fleurs. Il est dans la tradition gréco-latine et répugne à l'hérésie de ceux qui prétendent concilier les rhapsodes de la Hellas et la canaille médiévale des trouvères et des troubadours. C'est une entreprise aussi chimérique que la recherche de l'hircocerf, et il faut pour la tenter l'imagination de Jean Moréas, peut-être plus marseillaise qu'attique. De fait, M. Laurent Tailhade avait seul droit au titre de véritable poète roman au sens où l'entend M. Charles Maurras. Mais son attitude est trop discrète peut-être pour qu'il consente à avoir des disciples, et la richesse de son vocabulaire est d'assez vieille date pour qu'il ne l'étale pas avec la joie enfantine et maladroite d'un parvenu. Si par les habitudes de composition et de langue M. Laurent Tailhade est incontestablement de pure race française, il diffère de ses ascendants directs par une qualité d'esprit tout à fait étrangère à ceux-ci : la joie de vivre est absente de son œuvre. Et ce n'est pas pour avoir aimé le décor chrétien qu'une grande tristesse lui est venue. Sans doute des saints flamboient aux verrières de ses poèmes, et les paroles liturgiques et les parfums rituels se mêlent étrangement aux pierreries des lapidaires et aux monstres héraldiques des bestiaires. Mais il y a là paganisme flagrant; et rien n'est plus blasphématoire pour les vrais croyants que de s'intéresser ainsi à tout l'extérieur du culte en oubliant un peu le drame de la Messe et l'incompréhensible effusion du sang divin dans le calice. C'est en présence du catholicisme, une tendresse sacrilège, quelque chose comme de la pitié pour une noble fleur qui va mourir, et les religions s'affirment immortelles. Henri Heine disait des peintres religieux de la Renaissance qu'ils étaient aussi protestants que Luther : à sa manière, M. Laurent Tailhade est aussi peu chrétien que Swinburne, et son orthodoxie eût paru médiocre à saint Bernard, qui réprouvait déjà la trop grande abondance de sculptures et d'ornements dans les églises de son temps, et y voyait plus de sollicitation au péché qu'aux pensées édifiantes. Il reste aux chrétiens, même hantés par la peur de l'enfer, l'espoir d'un paradis, où l'éternité serait douce. Mais à ce Latin le vent d'ironie et de désespoir qui souffle du Nord a appris que le ciel était vide et que jamais l'homme, après la vallée des larmes, n'entrerait dans les terres promises où rougissent les bonnes

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