Page:Mercure de France tome 004 1892 page 128.jpg
De MercureWiki.
- Qui m'ont guidé loin des royaumes éphémères
- Et je peux franchir la lumière de la Porte.
- C'est moi qui verrai la Dormeuse
- Et c'est moi qui l'éveillerai;
- Et nous écouterons, par le jardin sacré,
- Chanter les harpes bienheureuses.
- Des voix
- Va donc, ô Vainqueur:
- Puisque tu as oublié les vaines pensées,
- Éveille la Fiancée
- Qui t'a vu dans l'espoir de son rêve, ô Vainqueur.
- En le lit virginal de jasmins et de roses,
- Le Prince a contemplé la Dormeuse au front blanc,
- Et, pour rendre le jour aux prunelles encloses,
- Il approche, orgueilleux à la fois et tremblant.
- Le parc éblouissant frémit d'un long sourire.
- L'Élu frôle le front clair d'un baiser vermeil;
- La Belle ouvre ses yeux où le printemps se mire
- Et chante doucement l'hymne du bon réveil.
- La Belle
- L'aurore fatidique empourpre les allées.
- Au baiser attendu je m'éveille parmi
- La chaste royauté des fleurs immaculées.
- ]e m'éveille du beau sommeil que j'ai dormi,
- Et voici que l’Étoile du bonheur m'éclaire.
- Oh, c'est toi qui devais venir : approche, Ami.
- Toi qui pour mon amour as méprisé la terre,
- Toi de qui la splendeur hantait mes rêves saints,
- Approche, ô Conquérant couronné de lumière.
- Les Esprits de paix nous entourent par essaims,
- Et les blancs oiseaux fils des candeurs inflétries,
- Les cygnes immortels chantent dans les bassins.