Notice: Undefined index: header in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 222

Notice: Undefined index: footer in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 223

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowIPs in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 429

Notice: Undefined variable: wgProofreadPageAllowQ4 in /home/formationn/www/mercurewiki/extensions/ProofreadPage/ProofreadPage.php on line 431
Page:Mercure de France tome 004 1892 page 170.jpg - MercureWiki

Page:Mercure de France tome 004 1892 page 170.jpg

De MercureWiki.


dans l'infini, et devant leurs prunelles se dresse le Calvaire. L'Enfant aux fins cheveux d'or ramène à sa gorge astrictée sa menotte tremblante ; il est à moitié dévêtu : sa chemisette blanche, semée de sanglantes étoiles, lui tombe de l'épaule, et sous sa brassière rouge ponctuée d'or, remontée par le roulis des muscles, le ventre se dénude, et paraît son sexe puéril de Dieu chaste. L'attitude est la peur nerveuse du nourrisson, et s'il ne se rejette pas au sein maternel c'est que, — raison et amour infinis en un corps d'enfançon, — il ne veut pas la faire pleurer: elle ne pleure pas. Elle est transfixée par de la terreur. Elle voit. Toute sa face porte les effroyables stigmates de l'hallucination douloureuse. L'œil, fixe, est terrifié par l'indéniable apparition. Il y a dans cet œil l'agonie au Jardin, la trahison de Judas, le reniement de Pierre, la verbération au poteau, les crachats, la croix traînée comme une chaîne le long du Golgotha, les mains fendues par les clous, les pieds déjointurés, le sang qui coule de la criblure des ironiques épines et aveugle les yeux, obstrue la bouche, le sang des mains, le sang des pieds, le sang du côté et le sang des sacrifices futurs, la mort en ignominie et la mort en gloire, qui est encore la mort. La bouche est selon la courbe de la douleur la plus avérée, et quelle pâleur ! Sa tète se penche un peu, comme fascinée. A peine sent-elle le présent fardeau de l'enfant : c'est l'homme qu'elle porte, et cadavre, sur ses genoux pitoyables. Sa main gauche, sortant d'une étroite manche dorée et damassée, retient plus qu'elle ne soutient le bambin, qui s'en va d'elle, la reine-mère, dressée dans la chaise aux volutes d'or. La robe bleue étreint une poitrine où l'angoisse, s'il n'était divin, ce lait de vierge, le ferait tourner, comme aux nourrices qui ont eu grand'frayeur. Les cheveux, — et cela a un air de lamentation bien symbolique, — un mouchoir sombre les recouvre et retombe en pleurant sur les oreilles: coiffure peut-être de contadine, peut-être authentique de dame florentine, mais qui, là, accentue et remémore le deuil de l'âme. La merveille, c'est la tristesse inconsolable de la Mère et du Fils n'osant pas se regarder, se connaissant tous les deux voués à un supplice ineffable et sans rémission: mais la nature humaine, naturelle en la mère, imposée au fils par l'Ordre suprême, se crispe un instant sous l'inéluctable réalité : ils ont peur, peur l'un de l'autre, peur du spectacle visible en leurs yeux,

Outils personnels