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Surgie en la pénombre odorante du soir,
La bonne Fée aux yeux d'amour, aux mains câlines,
D'un geste ordonne à la Vie âpre de surseoir,
Et l'Heure se revêt de blondes mousselines...
Sur la nef de cristal que mènent les dauphins,
La bonne Fée embarque les Cœurs intrépides,
Et sous l'Astre qui meurt en des tissus d'ors fins
On appareille pour les Vierges Atlantides.
La brise fraîche et folle froisse les roseaux;
Les écharpes du ciel frissonnent sous les eaux
Où la voix de la Fée a suscité des Gloires;
Et le charme infini du soir religieux
Palpite d'un vol fou d'Aiglats prestigieux
Que tente la clarté de soleils illusoires!
Hyacinthe, saphir, émeraude, topaze,
Un ciel artificiel flambe sur la verrière
Où des éperviers d'or qu'aveugle la lumière
Rêvent, écartelés, dans une paix d'extase.
Sous la voûte royale où languissent les fleurs,
Sous la voûte interdite aux cyniques clartés.
Trône, dans la splendeur de perpétuels étés,
L'Impératrice chère aux Ames de douleurs.