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 Les marches de l'escalier froides sous leurs fesses, ils se sentent une faim inaccoutumée. Elle devient douloureuse. Par des bâillements, des chocs de poing au creux de la poitrine, ils en expriment toute la violence.
 — « S'ils s'imaginent que je les attendrai ! » dit Grand Frère Félix.
 — « C'est pourtant ce que nous avons de mieux à faire », dit Poil de Carotte.
 — « Je ne les attendrai pas, dit Grand Frère Félix rageur. Je ne veux pas mourir de faim, moi. Je veux manger tout de suite, n'importe quoi, de l'herbe. »
 — « De l'herbe! c'est une idée, dit Poil de Carotte, et nos parents seront attrapés. »
 — « Dame! on mange bien de la salade. Entre nous, de la luzerne, par exemple, c'est aussi tendre que de la salade. C'est de la salade sans l'huile et le vinaigre. »
 — « On n'a pas besoin de la retourner », dit Poil de Carotte.
 — « Veux-tu parier que j'en mange, moi, de la luzerne, et que tu n'en manges pas, toi? »
 — « Pourquoi toi et pas moi? »
 — « Blague à part, veux-tu parier? »
 — « Mais si d'abord, dit Poil de Carotte, nous demandions aux voisins chacun une tranche de pain, avec du caillé pour écarter dessus? »
 — « Je préfère la luzerne», dit Grand Frère Félix.
 — « Partons », dit Poil de Carotte.
 Bientôt le champ de luzerne déploie sous leurs yeux sa verdure appétissante. Dès l'entrée, ils se réjouissent de traîner les souliers, d'écraser les tiges molles, de marquer d'étroits chemins qui inquièteront longtemps et feront dire : « Quelle bête a passé par ici? »
 A travers leurs culottes, une fraîcheur pénètre jusqu'aux mollets peu à peu engourdis.
 Ils s'arrêtent au milieu du champ et se laissent tomber à plat ventre.

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