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de se déranger spécialement. Afin de damner ce Faust, Satan prend l'apparence d'une jolie fille. La femme paraît, l’évêque commence à déraisonner, naturellement; son onction glisse aux adorations profanes, sa prière se mue en désirs balbutiants, et les lys du jardin de l’évêché vont rougir, lorsque saint André se présente sous les traits d'un mendiant famélique, et se dépêche de démasquer l'impur, car le déjeûner fume sur la table. Ces lignes sèches ne donnent aucune idée de ce que M. Bouchor a su enfermer d'humanité, d'observation et de philosophie valante, en si mince cadre.
 Autre conte, ou plutôt monologue symbolique, Khéyam, intitulé modestement Caprice, n'en a pas moins une portée plus haute que la Dévotion. C'est le rêve d'un poète ivre. On l'a mis à la porte de la taverne, parce qu'il a pincé trop fort « le gras des reins » de l'hôtesse, et le voici sur la place, au clair de lune. Nous sommes en Perse, au XIXe siècle de l'ère chrétienne, s'il vous plaît! et les roses d'un jardin voisin vont parler et prendre formes de rêve. Khéyam philosophe, il dit du mal des chrétiens, je crois bien, et du bien des vins de Chiraz. Les gens des mosquées, le temps qu'on y perd, les moralistes religieux, l'ennuient, ce poète; il n'y a de réel, de bon, que la Cruche, aux flancs émaillés de bleu, verseuse de lumineuses ivresses. Cependant voici la Rose, le Rossignol et la Houri, c'est-à-dire, je crois, la Beauté, la Musique révélante et l'Amour. La Cruche est oubliée, elle fuit (je veux dire elle quitte la scène !) cahincaha. Khéyam, respectueux, écoute le Rossignol, respire la Rose et veut respirer la Houri, mais elle le raille, et voici une autre Houri qui surgit, toute pareille. Khéyam, fou d'amour, va de l'une à l'autre, multipliant les métaphores de ses désirs, trahissant, trahi. Les Houris s'évanouissent avec un rire. Le Rossignol chante de nouveau,la Rose refleurit, et Khéyam, n'ayant pas la foi, revient à la Cruche:
  O ma belle, voici le précieux instant
  Où le Seigneur unit les cruches aux poètes.
  Le ciel est comme un bol renversé sur nos têtes.
  Viens donc et donne-moi tes lèvres : j'y boirai
  Ton beau sang virginal, ton sang pur et sacré!

 Si l'on écrit, ne faut-il pas enclore toute la vie dans le moindre conte?

Adrien Remacle.

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