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leurs et tous les pires désirs de ce temps. Un besoin initial et touchant de pureté:
Une angélique Main, qui lui montre la Voie,
Seule dans sa pensée eut la gloire d'écrire,
Et le ciel, d'une paix divine, lui renvoie
L'écho perpétuel de son chaste sourire.
Or, ne serait-ce point là l'innocence vigilante, l'étrangère candeur si essentielle aux âmes libertine? Peut-être, car ce besoin de pureté ne va point sans quelque jouissance un peu sadique à songer qu'au fond des veines de la très pure circule:
Une largueur cruelle en sa douceur première;
La vierge pressent elle-même qu'un jour :
Son désir fou prendra l'essor, les ailes grandes ;
des lys pâment à sa caresse barbare :
Et meurent au parfum rouge de ses baisers.
Quoi de plus désirable que la chasteté présente avec le pressentiment de toutes les perversités?. Cette écouteuse-là pourra tout entendre et donnera du prix à tout ce qu'on lui dira. Car elle est noble aussi, et dédaigneuse, et hautaine, et orgueilleuse; elle est mystique, encore, et ses grâces graciles évoquent :
La majesté mélancolique
D'une sainte, au long corps rigidement sculpté
Dans un portail de cathédrale catholique.
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Et puis, elle a cette vertu suprême d'être silencieuse, et la voilà, de par ce seul détail, douée des mérites entre tous souhaités : puisqu'elle ne démentira point le poète, il pourra rêver que le ciel mire en elle ses féeries:
Sa vie est un fleuve qui dort.
Le ciel y mire ses-féeries
Profondes sous un frisson d'or;
Aux parfums de rives fleuries
Sa vie est un fleuve qui dort...
A tout prendre, cette sœur d'élection est surtout une bonne et idéale baudelairienne. Je l'aime ainsi,et je puis spécifier les traits qui la