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et cela même est obligatoire. Une tendance obscure est en moi qui me fera trouver le chemin, et un sentiment vif de satisfaction morale me le révélera quand je l'aurai rencontré. Il y a une sorte de cumberlandisme moral, et comme une pression d'une main invisible dans notre main, qui nous mène vers les trésors inaperçus qu'il nous appartient de découvrir. Une baguette divinatoire vibre entre nos doigts au voisinage des sources cachées du Bien. Ce frisson de bonheur, qui nous traverse au moment de la découverte, est le signe que nous avons trouvé notre destination. A l'éprouver, nous sentons que la tendance la plus profonde de notre être est satisfaite ; et, comme dit Fichte, « que notre moi sensible et passager est d'accord avec le moi absolu et éternel » que nous portons en nous.
  Le fond du phénomène moral, c'est en effet que nous avons plus d'un moi. Il y a en nous un dédoublement de la personnalité. Par une désagrégation psychologique, bien connue chez les névropathes, mais dont tout honnête homme offre un exemple tout aussi frappant, deux moi s'installent en nous, côte à côte étrangers, hostiles l'un à l'autre. Chacun est maître du mécanisme psycho-physique de nos mouvements. Mais leur domaine psychologique est différent, bien qu'assez difficile à délimiter. On voit peut-être assez bien quelle est la part de la première de ces personnes, de notre moi sensible et quotidien. Il est fait de tous nos appétits égoïstes, de toutes nos joies où il s'épanouit, de toutes nos douleurs qui le restreignent. Pour l'autre, celui qui subit le devoir, il est plus malaise à décrire. On le définirait plutôt négativement. Ce qui apparaît le plus clairement de lui, c'est qu'il est inaccessible à toutes les sensations du premier. Elles demeurent en dehors de lui. Il est anesthésique par rapport à elles. Il ne connaît pas le désir. Il n'a ni affection ni haine. Il trouve la joie fade, et de la douleur il dit qu'elle n'est pas un mal. La mort même n'a pas pour lui d'aiguillon. Si l'on adopte la terminologie usitée et si, à cette coexistence de deux personnes dans un même être, à cette impuissance d'unir toutes ses sensations en un même moi, on conserve son nom scientifique d'hystérie, il faut donc dire qu'il y a une hystérie morale. C'est celle qui fait qu'un moi parasite, insensible à toutes nos joies et à toutes nos douleurs, se développe en nous aux dépens de notre moi passionnel :

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